Au lendemain d’élections législatives controversées en Géorgie, l’Ukraine a tenu à réaffirmer haut et fort son soutien indéfectible à ce pays du Caucase dans sa marche vers l’intégration européenne et atlantique. Malgré la victoire du parti Rêve géorgien, considéré comme prorusse par ses opposants, Kiev assure que rien ne fera dévier la Géorgie de son “chemin stratégique”.
Un scrutin sous haute tension
Samedi dernier, les Géorgiens étaient appelés aux urnes pour renouveler leur parlement. Un scrutin sous haute tension, qui a vu la victoire du parti au pouvoir Rêve géorgien, confirmée jeudi par la commission électorale. Mais cette victoire est vivement contestée par l’opposition pro-européenne et la présidente du pays, qui dénoncent des fraudes massives.
L’Ukraine, qui dit avoir “suivi de près” ces élections, apporte son soutien aux conclusions des observateurs internationaux de l’OSCE/BIDDH. Ceux-ci ont en effet constaté de “nombreuses violations” lors du scrutin :
- Corruption
- Intimidation et coercition des électeurs
- Manque de transparence
- Restriction de l’accès des partis d’opposition aux médias
Kiev dénonce des “méthodes russes”
Pour la diplomatie ukrainienne, ces dérives rappellent fâcheusement les “méthodes d’influence inhérentes au régime russe”. Elle réclame l’ouverture d’une enquête pour garantir la légitimité du scrutin et lance un avertissement au gouvernement géorgien :
Nous appelons le gouvernement géorgien à ne pas suivre la voie bélarusse qui mène à la perte de la souveraineté et de l’indépendance.
Ministère ukrainien des Affaires étrangères
Un soutien “en toutes circonstances”
Malgré ces inquiétudes, l’Ukraine assure qu’elle soutiendra “en toutes circonstances le peuple géorgien dans son aspiration à poursuivre son chemin stratégique vers l’adhésion à l’UE et à l’OTAN”. Un chemin de plus en plus chaotique pour Tbilissi…
En effet, mercredi, si la Commission européenne a appelé à franchir une nouvelle étape “dès que possible” d’ici 2025 dans le processus d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie, elle a prévenu qu’elle ne pourrait pas “recommander l’ouverture de négociations” avec la Géorgie sans un “changement de cap”.
La Géorgie à la croisée des chemins
La Géorgie se retrouve donc à la croisée des chemins. D’un côté, la tentation de se rapprocher de Moscou, incarnée par le parti Rêve géorgien et son fondateur, l’oligarque Bidzina Ivanichvili, soupçonné d’accointances avec le Kremlin. De l’autre, l’aspiration européenne d’une large partie de la population et des forces pro-occidentales.
Dans ce bras de fer, l’Ukraine a clairement choisi son camp. Reste à savoir si son soutien appuyé suffira à maintenir la Géorgie dans le giron occidental. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir géopolitique de ce petit pays, pris en étau entre des influences contraires.
Une chose est sûre : de Tbilissi à Kiev, en passant par Bruxelles, tous les regards seront braqués sur la Géorgie. Car au-delà de son propre destin, c’est celui de tout le voisinage oriental de l’UE qui se joue. Dans un contexte de tensions exacerbées avec la Russie, l’enjeu est de taille.