Alors que la contre-offensive ukrainienne piétine dans le Donbass face à une résistance russe acharnée, Kiev semble déterminée à ouvrir de nouveaux fronts pour forcer Moscou à disperser ses troupes. Après une incursion sans précédent depuis 1945 dans l’oblast russe de Koursk le 6 août dernier, l’armée ukrainienne vient de lancer un raid dans la région frontalière de Belgorod, selon les autorités locales.
Une situation “difficile mais sous contrôle” à Belgorod
“L’ennemi tente de franchir la frontière de Belgorod”, a alerté sur Telegram le gouverneur Vyacheslav Gladkov, précisant que la situation était “difficile, mais sous contrôle”. Des combats sont en cours près de la ville-frontière de Nekhoteevka.
Si des combattants russes mais pro-ukrainiens avaient déjà mené deux incursions en territoire russe l’an dernier, il s’agirait cette fois d’unités régulières de Kiev, comme à Koursk une semaine plus tôt. Cette nouvelle offensive intervient alors que les forces du Kremlin tentent depuis mai de progresser depuis l’oblast de Koursk vers la région ukrainienne de Kharkiv.
Kiev espère dégarnir le front du Donbass
Confrontée à une situation délicate dans le Donbass, notamment depuis la chute en février de son bastion fortifié d’Avdiivka, l’Ukraine voit les forces russes avancer inexorablement vers le nœud ferroviaire stratégique de Pokrovsk. En lançant ces offensives localisées en territoire russe, Kiev espère obliger Moscou à redéployer une partie de ses unités pour défendre ses frontières.
“Ces opérations téméraires ont peut-être pour but de forcer la main de l’OTAN à entrer sur le terrain des opérations”, analyse un expert militaire qui souhaite rester anonyme.
Mais à quel prix? Selon les Ukrainiens eux-mêmes, l’incursion à Koursk leur aurait coûté la moitié des 11 000 hommes engagés ainsi que des dizaines de blindés. Un sacrifice lourd de conséquences, qui ne semble pas avoir atteint son objectif d’affaiblir les positions russes à l’Est.
La crainte d’une escalade incontrôlable
Si ces raids en territoire russe devaient se multiplier, le risque serait grand de voir le conflit s’étendre et dégénérer, impliquant directement l’OTAN. Moscou a d’ailleurs promis de riposter par des frappes de missiles sur “tout le territoire ukrainien” en représailles.
Au-delà de l’aspect militaire, ces actions spectaculaires revêtent une forte dimension symbolique et psychologique. Voir des troupes ukrainiennes fouler le sol russe pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale constitue une humiliation cuisante pour le président Vladimir Poutine, près de 18 mois après le lancement de son “opération militaire spéciale”.
Face à l’enlisement et à l’escalade continue du conflit, une issue diplomatique semble plus que jamais hors de portée. Et l’Ukraine comme la Russie semblent prêtes à prendre tous les risques pour l’emporter, quitte à exporter la guerre au-delà de leurs frontières. Une dérive aux conséquences potentiellement dévastatrices.