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L’Ukraine Face à la Recrudescence des Violences Domestiques

En Ukraine, les violences domestiques explosent depuis le début de la guerre. Les femmes, principales victimes, peinent à dénoncer les agresseurs, souvent des héros de guerre. Un fléau qui risque de s'aggraver en 2024, selon les autorités...

Alors que l’Ukraine fait face à l’invasion russe depuis février 2022, un autre fléau gangrène le pays : la recrudescence des violences domestiques. Selon le ministère de l’Intérieur ukrainien, les cas de violences au sein des foyers ont bondi de 56% sur les deux premiers mois de l’année 2024 par rapport à la même période l’année précédente. Une situation alarmante qui touche principalement les femmes, souvent réticentes à dénoncer leurs agresseurs, parfois érigés en héros de guerre.

Une hausse inquiétante des violences domestiques

En 2023, les services de police ukrainiens ont enregistré plus de 291 000 cas de violences domestiques, soit une augmentation de 20% par rapport à 2022. Parmi ces violences, celles relevant d’infractions pénales ont grimpé de 80%, tandis que les infractions administratives ont progressé de 36%. Une tendance qui devrait se poursuivre en 2024, avec une hausse estimée à 21% pour les infractions administratives et 30% pour les infractions pénales, selon les prévisions du centre d’analyse du ministère de l’Intérieur.

Les femmes, principales victimes

L’immense majorité des victimes de ces violences sont des femmes, comme le rapporte le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Selon l’organisation onusienne, plus de 80% des cas sont des violences masculines envers les femmes, et chaque année, 600 Ukrainiennes meurent des suites de violences domestiques. Des chiffres d’autant plus préoccupants que de nombreuses victimes n’osent pas dénoncer leurs agresseurs.

Le poids du patriarcat et le syndrome du héros

Dans une société intrinsèquement patriarcale, les femmes ukrainiennes peinent à se faire entendre lorsque leur agresseur est un vétéran de guerre, considéré comme un héros par la population. Comme l’explique Ivanna Kovalchuk, qui travaille sur les violences de genre pour l’ONG International Medical Corps :

Les femmes sont moins enclines à se plaindre lorsque la violence domestique concerne des vétérans de guerre. Certaines s’excusent même lorsqu’elles le font, en pensant que le moment n’est peut-être pas opportun ou que leur situation personnelle n’est pas comparable à la guerre qui sévit dans le pays.

– Ivanna Kovalchuk, International Medical Corps

Le stress post-traumatique, facteur aggravant

L’augmentation des cas de stress post-traumatique (PTSD) chez les anciens combattants contribue à la recrudescence des violences domestiques. Massimo Diana, représentant en Ukraine du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), souligne que les auteurs de ces violences sont eux-mêmes “victimes de la brutalité de la guerre”. Un phénomène qu’il a déjà observé dans d’autres sociétés touchées par des conflits, comme en ex-Yougoslavie il y a trente ans.

Des mesures insuffisantes face à l’ampleur du problème

Malgré l’adoption d’une loi sur la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes en juin 2022, les autorités ukrainiennes peinent à endiguer le fléau. La France a bien livré 13 véhicules destinés aux équipes policières mobiles chargées de lutter contre la violence domestique en mai 2024, mais ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du phénomène. Massimo Diana insiste sur la nécessité de travailler avec les ménages où des combattants reviennent du front pour les aider à faire face aux conséquences de la guerre, qualifiant la situation de “cocotte-minute”.

Un fléau qui risque de s’aggraver

Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, le spectre des violences domestiques plane sur le pays. Les facteurs de stress liés au conflit, comme la perturbation de l’unité familiale, la perte du domicile, la pauvreté et le stress psychologique causé par les bombardements, ne font qu’accroître les risques pour les femmes de subir ces violences. Un fléau qui, selon les experts, risque de s’aggraver dans les mois et les années à venir, nécessitant une réponse forte et coordonnée des autorités ukrainiennes et de la communauté internationale.

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