Au cœur de l’actualité européenne, un sujet brûlant retient l’attention : l’adhésion potentielle de l’Ukraine et de la Moldavie à l’Union européenne. La Commission européenne, organe exécutif de l’UE, a récemment exprimé son souhait de franchir une nouvelle étape décisive dans ce long processus dès 2025. Une annonce qui suscite autant d’espoirs que d’interrogations sur l’avenir du projet européen.
Un contexte géopolitique tendu
C’est dans un contexte particulièrement délicat, marqué par la guerre en Ukraine, que Bruxelles a officiellement lancé les négociations d’adhésion avec Kiev et Chișinău le 25 juin dernier. Un signal fort envoyé à la Russie, mais aussi un défi de taille pour l’Union européenne. Car intégrer ces deux pays, c’est repenser en profondeur l’architecture et le fonctionnement de l’UE.
Selon une source proche du dossier, les négociateurs passent actuellement en revue les législations ukrainienne et moldave pour vérifier leur compatibilité avec le droit européen. Cette étape préparatoire, appelée “screening” dans le jargon bruxellois, se déroulerait “sans problème” d’après la Commission. Mais le plus dur reste à venir.
Un processus long et exigeant
Car une fois cette phase achevée, Bruxelles voudrait rentrer dans le vif du sujet “dès que possible” en 2025, en ouvrant les 35 chapitres de négociations. Des discussions ardues qui porteront sur des sujets aussi variés que l’État de droit, la protection de l’environnement ou encore la politique agricole commune.
L’exécutif européen attend notamment de l’Ukraine des mesures concrètes pour lutter contre la corruption et limiter l’influence des oligarques. Des réformes profondes qui nécessiteront du temps et une volonté politique sans faille de la part de Kiev.
Des défis économiques et financiers
Mais au-delà des aspects juridiques et politiques, c’est aussi sur le plan économique que l’adhésion de l’Ukraine soulève de nombreuses questions. Avec ses 40 millions d’habitants et son immense potentiel agricole, le pays représente un marché considérable. Mais il nécessitera également d’importantes aides financières pour rattraper le niveau de développement des États membres actuels.
Un casse-tête budgétaire en perspective pour une Union européenne déjà confrontée à de nombreux défis internes, de la gestion de la crise migratoire aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19.
La question géorgienne
Parallèlement au dossier ukrainien, la situation en Géorgie, autre candidate à l’adhésion, préoccupe Bruxelles. Le processus a été gelé au printemps en raison d’une loi controversée sur “l’influence étrangère”, inspirée d’une législation russe et accusée de museler la société civile. Une dérive inquiétante aux yeux de l’UE.
Vous ne pouvez tout simplement pas maintenir des liens avec la Russie et espérer que votre pays fasse partie de l’Union européenne.
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne
Un avertissement clair adressé à Tbilissi, qui devra choisir entre son ancrage européen et ses relations avec Moscou. Un dilemme qui illustre toute la complexité géopolitique de l’élargissement de l’UE dans son voisinage oriental.
L’avenir de l’Europe en jeu
Au-delà de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie, c’est bien l’avenir du projet européen qui se joue dans ces négociations d’adhésion. Car intégrer de nouveaux États membres, c’est aussi repenser le fonctionnement institutionnel et la gouvernance d’une Union à 27 qui peine déjà à trouver sa cohésion.
Un défi immense, mais aussi une opportunité historique pour l’Europe de peser davantage sur la scène internationale et de promouvoir ses valeurs de démocratie et d’État de droit aux portes de la Russie. Un pari audacieux, dont l’issue dépendra autant de la détermination des pays candidats que de la capacité de l’UE à se réformer et à se réinventer. Les années à venir s’annoncent décisives pour l’avenir du continent européen.