Les relations entre l’Occident et la Russie n’ont jamais été aussi tendues depuis la Guerre Froide. Au cœur de ces tensions : l’Ukraine, épicentre d’un bras de fer qui menace de dégénérer à tout moment. Le dernier épisode en date, un tir de missile balistique russe sur la ville ukrainienne de Dnipro, a fait monter la température d’un cran supplémentaire. Mais derrière les invectives et les démonstrations de force, Russes et Occidentaux semblent animés par un même souci : éviter à tout prix l’escalade nucléaire. Décryptage d’une situation explosive où le moindre faux pas pourrait avoir des conséquences catastrophiques.
Ukraine : le terrain d’affrontement entre l’Occident et la Russie
Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, le pays est devenu le théâtre d’un affrontement par procuration entre l’Occident et la Russie. D’un côté, les États-Unis et leurs alliés européens apportent un soutien militaire et financier massif à Kiev. De l’autre, Moscou multiplie les actions de déstabilisation et les menaces à peine voilées, agitant régulièrement le spectre de l’arme nucléaire.
Dans ce contexte, chaque coup porté par l’un ou l’autre camp est scruté avec attention, décortiqué, analysé. Car dans cette guerre hybride, tout est affaire de signaux, de messages plus ou moins subtils destinés à intimider l’adversaire ou à tester sa détermination. C’est exactement ce qui s’est passé le jeudi 22 juin, lorsque la Russie a tiré un missile balistique à portée intermédiaire Orechnik sur Dnipro, une ville de l’est de l’Ukraine.
Le tir du missile Orechnik : un message fort de Moscou
Si l’engin ne portait aucune charge explosive, il n’en constitue pas moins un signal fort envoyé par le Kremlin. D’une part, il s’agissait de répondre à l’utilisation récente par l’Ukraine de missiles américains pour frapper le territoire russe. D’autre part, Moscou entendait tester un nouveau système d’arme tout en mettant en garde les Occidentaux contre les risques d’une escalade incontrôlée.
Les Russes ont fait d’une pierre deux coups. Ils testent le système et envoient leur message, qui aurait été très différent en cas de tir massif sur une ville ou des infrastructures.
Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri)
Car si ce tir est resté sans conséquences, rien ne permet d’exclure qu’une prochaine frappe soit cette fois chargée, faisant basculer le conflit dans une phase encore plus meurtrière. Un scénario du pire dont ont bien conscience les décideurs occidentaux, qui se sont gardés de surréagir à la provocation russe.
Occidentaux et Russes : la crainte commune d’un dérapage incontrôlé
Car malgré les invectives et les coups de bluff, Américains et Russes semblent animés par une même préoccupation : éviter à tout prix un dérapage qui pourrait déboucher sur un affrontement nucléaire aux conséquences cataclysmiques. Ainsi, avant d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles pour frapper le territoire russe, Washington a pris soin d’en informer Moscou, afin que le Kremlin puisse s’y préparer.
Les deux grandes puissances continuent de montrer qu’elles ont une conscience aiguë du risque de dérapage.
Sam Roggeveen, chercheur au Lowy Institute (Australie)
De même, avant de tirer son missile, la Russie a prévenu les États-Unis, afin d’éviter que ces derniers le prennent pour une frappe nucléaire. Des précautions qui montrent que malgré les rodomontades, chacun est conscient qu’une escalade mal maîtrisée pourrait précipiter le monde dans un conflit dévastateur.
Le facteur Trump et l’avenir du soutien américain à l’Ukraine
Un autre paramètre entre en ligne de compte dans la gestion de cette crise : le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Le tempétueux ex-président, qui a promis de mettre fin à la guerre en Ukraine s’il était réélu, est une donnée cruciale dans l’équation. Car Moscou sait que le soutien américain à Kiev risque de s’émousser sérieusement après le 20 janvier 2025, date de la prochaine investiture présidentielle.
C’est une escalade qui permet en quelque sorte aux protagonistes de se préparer pour Trump.
Marco Wyss, professeur à l’Université de Lancaster (Royaume-Uni)
Une perspective qui incite Russes et Occidentaux à la retenue, chacun évitant de franchir une ligne rouge dans ce bras de fer à fleurets mouchetés. Mais gare aux faux pas ou aux initiatives intempestives. Car dans ce jeu dangereux, la moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres.
Le risque nucléaire, une épée de Damoclès sur le conflit ukrainien
Reste l’épineuse question du risque nucléaire, qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de ce conflit. Si la plupart des experts jugent peu probable un recours à l’arme atomique, tant le coût politique et stratégique en serait élevé pour Moscou, nul ne peut totalement l’exclure.
L’apocalypse nucléaire n’est pas pour demain en Europe mais un cran a incontestablement été franchi.
Cyrille Bret, chercheur associé à l’Institut Jacques-Delors
D’où l’impérieuse nécessité pour les Occidentaux de décrypter la grammaire complexe mais explicite de la dissuasion nucléaire russe, afin d’éviter tout malentendu potentiellement fatal. Car dans cette partie d’échecs à l’échelle planétaire, la moindre erreur d’appréciation pourrait se payer au prix fort. L’Ukraine, et le monde avec elle, retiennent leur souffle.
Car malgré les invectives et les coups de bluff, Américains et Russes semblent animés par une même préoccupation : éviter à tout prix un dérapage qui pourrait déboucher sur un affrontement nucléaire aux conséquences cataclysmiques. Ainsi, avant d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles pour frapper le territoire russe, Washington a pris soin d’en informer Moscou, afin que le Kremlin puisse s’y préparer.
Les deux grandes puissances continuent de montrer qu’elles ont une conscience aiguë du risque de dérapage.
Sam Roggeveen, chercheur au Lowy Institute (Australie)
De même, avant de tirer son missile, la Russie a prévenu les États-Unis, afin d’éviter que ces derniers le prennent pour une frappe nucléaire. Des précautions qui montrent que malgré les rodomontades, chacun est conscient qu’une escalade mal maîtrisée pourrait précipiter le monde dans un conflit dévastateur.
Le facteur Trump et l’avenir du soutien américain à l’Ukraine
Un autre paramètre entre en ligne de compte dans la gestion de cette crise : le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Le tempétueux ex-président, qui a promis de mettre fin à la guerre en Ukraine s’il était réélu, est une donnée cruciale dans l’équation. Car Moscou sait que le soutien américain à Kiev risque de s’émousser sérieusement après le 20 janvier 2025, date de la prochaine investiture présidentielle.
C’est une escalade qui permet en quelque sorte aux protagonistes de se préparer pour Trump.
Marco Wyss, professeur à l’Université de Lancaster (Royaume-Uni)
Une perspective qui incite Russes et Occidentaux à la retenue, chacun évitant de franchir une ligne rouge dans ce bras de fer à fleurets mouchetés. Mais gare aux faux pas ou aux initiatives intempestives. Car dans ce jeu dangereux, la moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres.
Le risque nucléaire, une épée de Damoclès sur le conflit ukrainien
Reste l’épineuse question du risque nucléaire, qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de ce conflit. Si la plupart des experts jugent peu probable un recours à l’arme atomique, tant le coût politique et stratégique en serait élevé pour Moscou, nul ne peut totalement l’exclure.
L’apocalypse nucléaire n’est pas pour demain en Europe mais un cran a incontestablement été franchi.
Cyrille Bret, chercheur associé à l’Institut Jacques-Delors
D’où l’impérieuse nécessité pour les Occidentaux de décrypter la grammaire complexe mais explicite de la dissuasion nucléaire russe, afin d’éviter tout malentendu potentiellement fatal. Car dans cette partie d’échecs à l’échelle planétaire, la moindre erreur d’appréciation pourrait se payer au prix fort. L’Ukraine, et le monde avec elle, retiennent leur souffle.