Après avoir joué les médiateurs entre les présidents américain et ukrainien lors de la réouverture de Notre-Dame, Emmanuel Macron cherche à replacer la France au centre de la diplomatie européenne sur l’Ukraine. Lundi, il a réuni en urgence ses principaux homologues européens à l’Elysée, suite à l’intention affichée par Donald Trump de négocier seul la paix avec Vladimir Poutine.
Malgré cela, les divergences persistent au sein même du noyau dur européen. Les huit dirigeants présents sont apparus divisés sur un éventuel envoi de soldats en Ukraine pour garantir une paix future, même s’ils ont acté la nécessité d’un renforcement accéléré de la défense européenne face au désengagement américain qui s’amorce.
Un « crédit » pour Macron sur l’Ukraine ?
Dans la tourmente « Trump », l’hyperactivisme d’Emmanuel Macron sur le dossier ukrainien semble désormais moins critiqué. Selon une source proche, « sur tous ces sujets, il a eu raison avant les autres », ce qui lui donnerait du « crédit ».
Pourtant, en février 2024, sa suggestion d’envoyer des troupes en Ukraine pour dissuader la Russie avait déclenché un tollé. Tout comme son obstination initiale à dialoguer avec Poutine et à ne pas « humilier » la Russie, qui avait semé la consternation, notamment chez les Européens de l’Est.
Il a fait montre depuis d’une évolution assez positive en recentrant son discours sur le soutien à l’Ukraine.
Lukasz Maslanka, chercheur au Centre for Eastern Studies
L’Allemagne et le Royaume-Uni en retrait
Selon des experts, ni l’Allemagne, focalisée sur ses élections législatives de dimanche, ni le Royaume-Uni, qui souhaite garder ses liens spécifiques avec Washington, ne semblent en mesure d’assurer un réel leadership européen sur ce dossier.
La défaite de son camp aux législatives françaises de 2024 a cependant affaibli la position d’Emmanuel Macron. Beaucoup le considèrent désormais comme un « canard boiteux » sur la scène européenne.
Prudence face à la montée d’un front pro-Trump
La prudence semble aussi de mise face à la montée d’un front pro-Trump en Europe, de Budapest à Rome. Lundi, la Première ministre italienne Georgia Meloni a ainsi pris ses distances sur l’envoi de soldats, « l’option la plus complexe et la moins efficace » selon elle.
Dans ce contexte, un leadership plus en retrait d’Emmanuel Macron pourrait être plus productif. Comme le souligne une experte allemande, « si Macron fait du Macron, invite tout le monde à Paris pour se coordonner puis fait des annonces unilatérales, ce sera contreproductif ».
L’attente du futur chancelier allemand
Beaucoup ont les yeux rivés sur le probable futur chancelier allemand, le conservateur Friedrich Merz, favori du scrutin de dimanche. Il a envoyé des signaux d’ouverture sur le financement de la défense européenne et l’envoi de troupes. Mais même victorieux, il aura besoin de plusieurs semaines pour former un gouvernement.
En attendant, c’est bien Emmanuel Macron qui tente de garder la main sur le dossier ukrainien. Mais dans une Europe divisée et sous influence trumpienne grandissante, la partie s’annonce délicate pour le président français, dont la marge de manœuvre s’est réduite sur la scène intérieure comme européenne.