Une nouvelle étape inquiétante vient d’être franchie dans l’escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine. Selon une source au sein de l’armée de l’air ukrainienne, Moscou aurait, pour la toute première fois, utilisé un missile balistique intercontinental contre le territoire ukrainien, sans charge nucléaire. Cette frappe sans précédent marque une aggravation préoccupante du conflit qui oppose les deux pays depuis bientôt trois ans.
Un missile de la dissuasion nucléaire russe utilisé en Ukraine
D’après les déclarations de Kiev, le missile en question aurait été tiré depuis la région d’Astrakhan, dans le sud de la Russie. Conçu à l’origine pour transporter des ogives nucléaires sur des milliers de kilomètres, son usage en Ukraine constitue une première et une escalade très préoccupante. Si la charge explosive était conventionnelle, l’emploi même d’un vecteur de la force de dissuasion nucléaire russe hors de tout contexte d’exercice est un signal fort envoyé à l’Ukraine et ses alliés occidentaux.
La frappe aurait visé la ville de Dnipro, dans le centre-est du pays, faisant au moins deux blessés selon les autorités locales. L’ampleur exacte des dégâts n’est pas encore connue. Quinze autres personnes ont par ailleurs été blessées le même jour par une attaque distincte sur Kryvyï Rig, à une centaine de kilomètres au sud-ouest.
Le Kremlin reste muet, les tensions au plus haut
Contactée, l’armée russe n’a pour l’heure fait aucun commentaire sur cette escalade. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a sobrement déclaré n’avoir «rien à dire sur ce thème». Ce silence assourdissant intervient alors que Moscou avait récemment averti qu’elle apporterait une réponse «appropriée» à l’utilisation par l’Ukraine de missiles occidentaux en territoire russe, ce qu’elle considère comme une ligne rouge à ne pas franchir.
Les tensions n’ont en effet jamais été aussi vives entre la Russie et les Occidentaux depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Moscou a multiplié ces derniers jours les frappes d’ampleur contre son voisin, ainsi que les avertissements à l’encontre des pays qui le soutiennent. La Russie a notamment renforcé ses mises en garde nucléaires, révisant sa doctrine pour élargir les cas de recours aux armes atomiques, y compris maintenant en cas d’attaque «massive» par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire – une référence claire à l’Ukraine et aux États-Unis.
L’armée russe progresse dans l’est ukrainien
Alors que l’attention est focalisée sur cette nouvelle escalade, les combats se poursuivent avec intensité sur le terrain. L’armée russe revendique de nouvelles avancées dans l’est de l’Ukraine, se rapprochant de plusieurs villes clés de la région de Donetsk. Elle est désormais toute proche d’encercler Kourakhové, un centre industriel stratégique, ainsi que Pokrovsk, un nœud logistique vital pour les forces ukrainiennes. Des progrès inquiétants pour Kiev, qui craint d’être acculé à la table des négociations en position de faiblesse.
Quel avenir pour le soutien occidental ?
Dans ce contexte de plus en plus tendu, la question de l’aide occidentale à l’Ukraine est plus que jamais cruciale. Jusqu’à présent, les alliés de Kiev lui fournissaient des armements de plus en plus perfectionnés, comme récemment des missiles à longue portée, mais avec des restrictions sur leur usage en territoire russe, de peur de provoquer une réaction trop forte de Moscou. Un équilibre de plus en plus difficile à tenir.
L’avenir de ce soutien suscite par ailleurs des interrogations avec l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche. Le nouveau président élu américain s’est montré très critique sur l’aide versée à l’Ukraine et a promis de mettre fin à la guerre rapidement, sans pour autant détailler son plan. De quoi renforcer la pression sur Kiev pour trouver une issue au conflit, militaire ou diplomatique, avant ce changement à Washington.
Face à cette escalade et à ces incertitudes, une chose est sûre : le conflit ukrainien est entré dans une phase particulièrement dangereuse. Entre avancées russes sur le terrain, menaces nucléaires voilées et soutien occidental vacillant, Kiev se retrouve dans une position de plus en plus délicate. Il apparaît urgent, pour éviter le pire, de trouver une voie de désescalade. Mais le chemin de la paix semble chaque jour un peu plus étroit et difficile.