Alors que le conflit russo-ukrainien entre dans une nouvelle phase d’escalade, le président ukrainien Volodymyr Zelensky vient de lancer une accusation choc. Selon lui, la Corée du Nord aurait déployé un «nombre significatif» de soldats pour combattre aux côtés des forces russes dans la région de Koursk, théâtre d’une offensive ukrainienne début août. Une affirmation lourde de conséquences qui, si elle se confirme, marquerait un tournant dans cette guerre qui déchire l’Ukraine depuis bientôt 18 mois.
Pyongyang nie, mais les soupçons s’accumulent
Bien qu’aucune preuve tangible de la présence de troupes nord-coréennes sur le sol ukrainien n’ait encore été apportée, les déclarations de Zelensky font écho à des rumeurs persistantes. Dès le mois de juillet, des sources ukrainiennes et sud-coréennes évoquaient le déploiement de soldats de Pyongyang en Russie. Des allégations fermement démenties par le régime de Kim Jong-un, mais qui trouvent aujourd’hui un nouvel écho dans les propos du dirigeant ukrainien.
Des blogueurs militaires russes alimentent la controverse
Pour ajouter à la confusion, plusieurs blogueurs militaires russes affirment que des troupes nord-coréennes ont mené un assaut réussi contre le village de Plekhovo, se félicitant même de leur «vitesse fulgurante». Des allégations invérifiables mais qui, couplées aux déclarations de Zelensky, renforcent les soupçons d’une implication directe de la Corée du Nord dans le conflit.
Moscou a entraîné un autre État dans cette guerre, à un degré sans précédent. Et si ce n’est pas une escalade, alors de quoi s’agit-il ?
Volodymyr Zelensky, président ukrainien
Un soutien militaire et logistique avéré
Si la présence de fantassins nord-coréens reste à confirmer, l’aide apportée par Pyongyang à Moscou est, elle, bien réelle. Selon Séoul, la Corée du Nord aurait fourni à la Russie entre 3 et 8 millions d’obus, ainsi que des dizaines de missiles balistiques. Un soutien logistique conséquent qui permet à l’armée russe de poursuivre ses opérations malgré les sanctions internationales et l’usure de ses stocks.
Un accord de partenariat stratégique entre Moscou et Pyongyang
Cette coopération militaire entre la Russie et la Corée du Nord s’inscrit dans le cadre d’un «traité sur le partenariat stratégique global» signé le 19 juin dernier par les deux pays. Entré en vigueur début novembre, ce pacte prévoit une «aide militaire immédiate» en cas d’«attaque armée». Un engagement qui pourrait expliquer l’envoi de troupes nord-coréennes en Ukraine, bien que ni Moscou ni Pyongyang n’aient officiellement confirmé cette information.
Quelles conséquences pour le conflit ukrainien ?
Si la présence de soldats nord-coréens venait à être avérée, elle marquerait indéniablement une nouvelle étape dans l’escalade du conflit. Pour Zelensky, l’intervention de Pyongyang repousserait «encore plus loin la possibilité d’une paix», alors même que l’hypothèse de négociations refait surface avec la prochaine investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le dirigeant ukrainien met également en garde contre des «problèmes supplémentaires en Asie», craignant que «les Russes entraînent la Corée du Nord aux techniques de guerre modernes».
Face à ces accusations, la communauté internationale reste pour l’heure prudente. Si Washington a reconnu que plusieurs milliers de Nord-Coréens avaient été acheminés en Russie, les États-Unis se gardent pour l’instant de confirmer leur engagement direct dans les combats. Une retenue qui traduit toute la complexité et la sensibilité de ce dossier, alors que le conflit ukrainien entre dans une phase décisive.
Une chose est sûre : l’ombre de la Corée du Nord plane désormais sur les champs de bataille ukrainiens. Reste à savoir si la présence de ces soldats, pour l’heure encore hypothétique, se confirmera dans les semaines à venir. Et si oui, quelles en seront les répercussions sur un conflit qui ne cesse de s’enliser et de s’internationaliser.