Dans un geste audacieux visant à désamorcer les tensions commerciales avec les États-Unis, l’Union européenne envisage de proposer un « deal » à l’administration Trump : augmenter substantiellement ses dépenses de défense en échange d’une trêve dans la guerre commerciale qui s’annonce.
C’est ce qu’a révélé une source de haut niveau au sein de la Commission européenne, sous couvert d’anonymat. Selon cette source, l’UE est prête à faire un geste significatif sur le plan de sa sécurité pour préserver les liens économiques vitaux avec son allié américain.
Un choix cornélien pour l’Europe
Pour les dirigeants européens, la situation est délicate. D’un côté, ils savent que l’Europe doit assumer davantage de responsabilités pour sa propre défense, un souhait partagé par plusieurs administrations américaines successives. De l’autre, ils redoutent l’impact dévastateur qu’aurait une guerre commerciale avec leur premier partenaire économique.
« On ne peut pas avoir une guerre commerciale et en même temps construire l’Europe de la défense »
Un vice-président de la Commission européenne
Selon notre source, le « deal » envisagé consisterait pour l’UE à s’engager à augmenter significativement ses dépenses militaires et à développer de nouvelles capacités pour assurer sa sécurité de manière plus autonome. En contrepartie, elle demanderait à l’administration Trump de renoncer à lancer une guerre commerciale avec des droits de douane punitifs sur les importations européennes.
Un contexte géopolitique tendu
Cette proposition intervient dans un contexte international particulièrement tendu, marqué par l’agression russe contre l’Ukraine. Pour l’UE, il est d’autant plus crucial d’éviter un nouveau front de tensions avec Washington.
Mais convaincre le bouillonnant président américain de renoncer à sa posture agressive sur le commerce ne sera pas une mince affaire. Donald Trump a réitéré à de multiples reprises sa volonté de rééquilibrer ce qu’il considère comme des relations commerciales injustes, ciblant notamment l’Allemagne et son fort excédent commercial.
Des options limitées pour l’UE
Si les négociations échouent et que l’administration Trump met ses menaces à exécution, les options de riposte de l’UE semblent limitées. Instaurer à son tour des droits de douane ne ferait qu’alimenter l’escalade, tout en pénalisant les entreprises et consommateurs européens.
« On peut avoir une réplique sur les droits de douanes mais les Européens le paieront »
Un Commissaire européen
À défaut de contre-attaquer frontalement, l’UE pourrait opter pour des mesures indirectes comme réorienter ses achats stratégiques, par exemple en important plus de gaz naturel américain plutôt que du gaz azerbaïdjanais.
Mais l’heure semble d’abord au dialogue et à la recherche d’un compromis. Les tractations s’annoncent intenses dans les prochains jours. L’enjeu : éviter qu’un conflit commercial ne vienne s’ajouter aux nombreuses crises secouant déjà le Vieux Continent.
Une chose est sûre : face aux turbulences de la géopolitique mondiale, l’unité et la détermination de l’Europe seront plus que jamais mises à l’épreuve dans les mois à venir. Son avenir dépendra largement de sa capacité à parler d’une seule voix et à défendre ses intérêts vitaux.