L’élargissement de l’Union européenne vers les Balkans occidentaux, un sujet qui divise les 27 depuis plus de deux décennies, pourrait bien connaître une accélération notable dans les cinq prochaines années. C’est en tout cas la promesse faite mercredi par Kaja Kallas, la nouvelle cheffe de la diplomatie européenne, lors d’un sommet réunissant les pays des Balkans et les responsables européens à Bruxelles.
Un processus relancé par l’invasion russe en Ukraine
Alors que les discussions sur l’adhésion de l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie à l’UE étaient au point mort depuis de nombreuses années, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a changé la donne. Face à cette menace géopolitique majeure, les Européens ont décidé de relancer le processus d’élargissement vers cette région stratégique des Balkans, qui compte un peu moins de 18 millions d’habitants.
Nous voulons voir des progrès réels dans le processus d’élargissement au cours de ce mandat de cinq ans que nous avons.
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne
Pour favoriser la croissance économique dans ces six pays d’ici 2027, les Européens ont mis sur la table une enveloppe de six milliards d’euros. Un signal fort envoyé aux Balkans pour montrer la détermination de l’UE à les intégrer à terme.
Le Monténégro en pole position, la Serbie à la traîne
Parmi les six pays candidats, c’est le Monténégro qui semble le plus avancé sur la voie de l’adhésion. Son président, Jakov Milatović, a souligné lors du sommet que l’entrée de son pays dans l’UE enverrait un « signal très clair et positif » prouvant que la politique d’élargissement européenne est « encore vivante ».
La situation est plus compliquée pour la Serbie, à qui l’UE reproche une trop grande proximité avec la Russie. Belgrade n’a en effet jamais appliqué de sanctions contre Moscou et le président serbe Aleksandar Vucic est resté en bons termes avec Vladimir Poutine. Malgré cela, la Commission européenne met en avant les efforts des autorités serbes pour intégrer l’Union, notant que « les négociations avec la Serbie avancent bien après trois années de stagnation, même si ça reste difficile ».
L’élargissement, une priorité qui divise les 27
Si le président du Conseil européen Antonio Costa a affirmé que « pour nous tous, l’élargissement est une priorité », force est de constater que le sujet divise les États membres. Certains plaident plutôt pour un renforcement de l’UE sous sa forme actuelle avant d’envisager tout nouvel élargissement.
En parallèle des Balkans, l’Ukraine et la Moldavie sont également devenues candidates à l’adhésion dans le contexte de la guerre, tout comme la Géorgie. Dans ce dernier pays, des manifestants pro-UE se réunissent tous les soirs depuis fin novembre pour protester contre le pouvoir accusé d’avoir truqué les législatives et d’abandonner les ambitions européennes.
Quid de la Turquie ?
Grande absente des discussions : la Turquie. Officiellement toujours candidate à l’UE, les négociations d’adhésion entamées en 2005 avec Ankara sont pourtant à l’arrêt depuis plusieurs années, sur fond de dérive autoritaire du président Recep Tayyip Erdoğan et de tensions diplomatiques récurrentes avec plusieurs pays européens.
L’élargissement de l’Union européenne vers les Balkans et au-delà s’annonce donc comme un des grands chantiers des prochaines années pour les 27. Un défi de taille, qui nécessitera de surmonter les divisions internes et de convaincre des opinions publiques européennes souvent réticentes à l’idée d’une Europe élargie. Mais un défi nécessaire pour asseoir la place de l’UE comme puissance géopolitique incontournable sur la scène internationale.