Un vent de changement souffle sur les côtes sénégalaises. À compter du 17 novembre à minuit, les bateaux battant pavillon européen ne pourront plus pêcher dans la zone économique exclusive du Sénégal. Cette décision fait suite au non-renouvellement de l’accord de pêche entre l’Union Européenne et Dakar, qui arrive à expiration ce dimanche soir. Mais quelles sont les raisons derrière cette rupture et quelles en seront les conséquences pour le secteur de la pêche sénégalais, vital pour l’économie du pays ?
Des “défaillances” dans la lutte contre la pêche illégale
Selon Jean-Marc Pisani, ambassadeur de l’UE au Sénégal, ce sont des “défaillances” dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) qui ont motivé la décision de Bruxelles. La Commission Européenne avait notifié ces manquements à l’État sénégalais dès le 27 mai dernier. Pour l’UE, qui applique une politique de tolérance zéro vis-à-vis de la pêche INN, il aurait été incohérent de renouveler un accord avec un pays présentant ce type de difficultés.
18 bateaux espagnols et français concernés
Concrètement, cette décision va affecter 18 navires espagnols et français qui pêchaient jusqu’alors le thon tropical et le merlu dans les eaux sénégalaises. Toutefois, selon l’ambassadeur Pisani, ces bateaux ne représentaient pas une véritable concurrence pour la pêche locale. Les armateurs auront le choix de continuer à pêcher dans les zones économiques exclusives d’autres pays de la région avec lesquels l’UE a des accords, comme la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie ou le Cap-Vert.
Un secteur crucial pour l’économie sénégalaise
Au Sénégal, la pêche est un pilier de l’économie mais aussi un marqueur culturel fort. On estime que ce secteur fait vivre, directement ou indirectement, environ 600 000 personnes, soit près de 4% de la population du pays. Les quelque 50 000 pêcheurs sénégalais, qui travaillent essentiellement sur des pirogues traditionnelles, dénoncent régulièrement la concurrence des grands bateaux-usines étrangers, accusés d’être responsables de la raréfaction de la ressource.
Les pêcheurs sénégalais attribuent la diminution des stocks de poissons à la présence de navires industriels étrangers dans leurs eaux.
D’après une source proche du secteur
Quel avenir pour les pêcheurs sénégalais ?
Si le non-renouvellement de l’accord ne concerne qu’un nombre limité de navires européens, il soulève néanmoins la question de l’avenir de la pêche sénégalaise. Face à la diminution des ressources halieutiques, aggravée par les changements climatiques et la pêche illicite, les autorités devront trouver des solutions pour préserver ce secteur vital tout en assurant sa durabilité. Cela passera sans doute par un meilleur contrôle des activités de pêche, un soutien accru aux pêcheurs artisanaux et le développement d’une aquaculture raisonnée.
En attendant, les pêcheurs sénégalais vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne et continuer à faire vivre ce métier ancestral qui fait la fierté du pays. Car au-delà de son poids économique, la pêche est aussi profondément ancrée dans l’identité et la culture sénégalaises. Un héritage précieux qu’il faudra préserver et transmettre aux générations futures, malgré les défis à relever.
En résumé :
- L’accord de pêche entre l’UE et le Sénégal n’a pas été renouvelé en raison de manquements dans la lutte contre la pêche illégale
- 18 bateaux espagnols et français devront cesser de pêcher dans les eaux sénégalaises à partir du 17 novembre
- La pêche est un secteur crucial au Sénégal, faisant vivre 600 000 personnes
- Les pêcheurs traditionnels dénoncent la concurrence des grands navires étrangers
- L’avenir de la pêche sénégalaise passera par une meilleure gestion des ressources et un soutien aux acteurs locaux