La Commission européenne vient d’annoncer un renforcement de son enquête sur le réseau social X, anciennement connu sous le nom de Twitter. Cette décision intervient alors que la plateforme est soupçonnée de propager de fausses informations et de manipuler le débat public en Europe, des accusations aggravées par les récentes provocations de son propriétaire, le milliardaire Elon Musk.
De nouvelles mesures pour faire la lumière
Vendredi dernier, la commissaire européenne à la Souveraineté technologique, Henna Virkkunen, a annoncé la mise en place de nouvelles mesures techniques dans le cadre de l’enquête sur X. L’objectif est de vérifier la conformité des systèmes de recommandation de la plateforme avec le règlement sur les services numériques (DSA) de l’Union européenne.
Parmi ces mesures, on trouve notamment :
- Une demande de documentation interne sur les systèmes de recommandation de X et les modifications récentes qui y ont été apportées, à fournir avant le 15 février.
- Une « ordonnance de conservation » obligeant X à préserver les documents internes et les informations concernant les futurs changements dans la conception et le fonctionnement de ses algorithmes de recommandation, jusqu’au 31 décembre 2025 ou la fin de l’enquête.
- Une demande d’accès à certaines API commerciales de X, permettant de vérifier directement la modération de contenu et la viralité des comptes.
Évaluer les « risques systémiques »
Selon la Commission, ces mesures visent à prendre en compte tous les faits pertinents dans l’évaluation complexe des risques systémiques posés par la plateforme et la façon dont elle les atténue. Bien qu’aucune mise en cause officielle n’ait encore été annoncée concernant les soupçons de manipulation des algorithmes, la pression monte sur X et son patron.
Musk mène sa propre bataille idéologique
De son côté, Elon Musk ne cache pas son opposition au DSA, qu’il qualifie d’instrument de censure. En phase avec la droite américaine, le milliardaire refuse de se soumettre à ce règlement qui vise pourtant à faire respecter au sein de l’UE des limites à la liberté d’expression déjà existantes dans le droit national des États membres.
Nous sommes déterminés à faire en sorte que toutes les plateformes opérant dans l’UE respectent notre législation, qui vise à rendre l’environnement en ligne équitable, sûr et démocratique pour tous les citoyens européens.
Henna Virkkunen, commissaire européenne à la Souveraineté technologique
Des provocations à l’approche des élections allemandes
Les inquiétudes européennes sont d’autant plus vives qu’à l’approche des élections de février en Allemagne, Elon Musk a multiplié les marques de soutien envers l’AfD, un parti d’extrême droite. Bien que la Commission assure que ses nouvelles mesures sont indépendantes de ces prises de position relevant de la liberté d’expression, la coïncidence interroge.
Face à la pression croissante des eurodéputés et des États membres pour une action ferme, Bruxelles semble déterminé à aller au bout de son enquête sur X. Reste à savoir si les nouvelles mesures annoncées permettront effectivement de faire toute la lumière sur les pratiques controversées de la plateforme et de son propriétaire. Une chose est sûre : le bras de fer entre l’UE et Elon Musk est loin d’être terminé.