La frustration est palpable au sein de la diplomatie européenne. Alors que les conflits s’enlisent au Moyen-Orient et en Ukraine, l’Union européenne peine à peser sur le cours des événements malgré ses ambitions géopolitiques affichées.
44 000 morts à Gaza, l’UE a “du sang sur les mains” selon Oxfam
Le bilan est effroyable dans la bande de Gaza. D’après les derniers chiffres évoqués par Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, environ 44 000 personnes ont été tuées dont 70% de femmes et d’enfants, souvent âgés de moins de 9 ans. Face à ce drame, l’Espagnol avoue avoir “épuisé tous les mots” pour décrire la situation.
Mais au-delà des mots, l’action de l’UE est jugée bien timide. L’ONG Oxfam accuse même l’Europe d’avoir “du sang sur les mains”, lui reprochant des discussions “à huis clos” et une réponse “souvent léthargique” insuffisante pour stopper le bain de sang.
Une “campagne de nettoyage ethnique” à Gaza ?
Agnès Bertrand-Sanz, experte humanitaire chez Oxfam, interpelle les dirigeants européens avec des mots très forts, évoquant une possible complicité de “violations du droit humanitaire international” voire d’une “campagne de nettoyage ethnique dans le nord de Gaza”. Elle appelle l’UE à suspendre son accord d’association avec Israël.
L’Histoire nous observe, et l’Europe doit choisir : veut-elle être complice de ces violations du droit humanitaire international et de cette campagne de nettoyage ethnique dans le nord de Gaza ?
Agnès Bertrand-Sanz, experte humanitaire chez Oxfam
Josep Borrell propose de suspendre l’accord d’association UE-Israël
Le chef de la diplomatie européenne, qui achèvera son mandat le mois prochain, a proposé aux 27 pays membres de suspendre le dialogue politique prévu par l’accord d’association entre l’UE et Israël. Mais cette initiative ne fait pas consensus, la plupart des États comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la France n’y étant pas favorables.
La guerre en Ukraine révèle aussi les failles de la diplomatie européenne
Si la crise au Moyen-Orient cristallise les critiques, Josep Borrell exprime également sa frustration sur le dossier ukrainien. Après 1000 jours de guerre depuis l’invasion russe, il regrette un manque d’unité et de réactivité des Européens :
Trop souvent, nous n’avons pas été unis. Trop souvent les discussions ont duré trop longtemps. Ma dernière demande auprès de mes collègues sera de se montrer davantage unis, de prendre des décisions plus rapidement.
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne
L’UE peut-elle devenir une vraie puissance géopolitique ?
Le diplomate espagnol met en garde ses homologues européens. Pour lui, impossible de prétendre au statut de “puissance géopolitique” en prenant “des jours, des semaines, des mois pour conclure des accords et agir”. Un constat amer à l’heure où l’Union européenne cherche à renforcer son influence sur la scène internationale.
Josep Borrell passera prochainement le relais à l’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas. Cette dernière aura fort à faire pour surmonter les divisions entre États membres et faire entendre la voix de l’Europe dans les crises actuelles. L’enjeu est de taille pour crédibiliser les ambitions géopolitiques affichées par l’UE ces dernières années.
