L’Union européenne vient d’adopter un règlement instituant des surtaxes allant jusqu’à 35% sur les voitures électriques importées de Chine. Une décision protectionniste lourde de conséquences dans un contexte de transition écologique et de tensions commerciales.
Des surtaxes pour défendre l’industrie automobile européenne
Malgré l’opposition de plusieurs États membres, dont l’Allemagne, la Commission européenne a passé outre pour mettre en place ces nouveaux droits de douane. Ils viennent s’ajouter aux 10% de taxes déjà existantes, portant la taxation totale jusqu’à 45% pour certains véhicules électriques made in China.
L’objectif affiché est de défendre la filière automobile européenne face à ce que Bruxelles estime être des pratiques commerciales déloyales. Au terme d’une longue enquête, la Commission a en effet conclu que les constructeurs chinois profitaient de subventions publiques massives faussant la concurrence.
Des négociations infructueuses avec Pékin
Jusqu’au dernier moment, le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis a tenté de trouver une issue négociée avec son homologue chinois. Mais Pékin, dénonçant des “pratiques protectionnistes injustes”, est resté inflexible.
Cependant, les deux parties sont convenues de maintenir le dialogue, ouvrant la porte à une levée des surtaxes si un accord était trouvé pour compenser le préjudice identifié par l’UE. Mais dans l’immédiat, ce nouveau règlement entre en vigueur dès ce jeudi.
La Chine brandit déjà la menace de représailles
Pékin n’entend pas en rester là et menace de frapper en retour les intérêts européens. Des enquêtes antidumping visant le porc, les produits laitiers, les eaux-de-vie à base de vin et même le cognac importés d’Europe sont en cours.
La Chine envisage des mesures de rétorsion dans ces secteurs qui pèsent lourd dans la balance commerciale d’États membres comme la France.
– D’après une source diplomatique à Pékin
De quoi faire fléchir plusieurs pays européens qui s’étaient déjà opposés au projet de surtaxes, craignant une escalade dommageable. L’Allemagne, moteur de l’UE, la Hongrie ou encore Malte avaient voté contre mais n’ont pas réussi à contrer la décision finale.
Un dossier aux multiples enjeux
Ce nouveau différend commercial sino-européen concentre de multiples enjeux :
- Protéger une industrie automobile européenne mise à mal
- Réguler la concurrence face aux pratiques de subventions chinoises
- Ménager un partenaire commercial essentiel pour l’UE
- Défendre des secteurs européens vulnérables aux représailles
Tout en préservant sa souveraineté économique, l’Union européenne cherche donc un délicat équilibre entre fermeté et dialogue. Mais sur fond de rivalité technologique et géopolitique croissante entre Occident et Chine, cette nouvelle crise semble s’inscrire dans un rapport de force durable.
Elle pose aussi la question de la stratégie européenne face à la transition vers la voiture électrique. Car si les surtaxes visent à défendre les constructeurs du Vieux Continent, elles renchérissent dans le même temps ces véhicules pour les consommateurs. Un paradoxe alors que Bruxelles a fixé la fin des moteurs thermiques à 2035…
Vers une guerre commerciale ?
La Commission européenne assure vouloir éviter une escalade. Mais avec ces surtaxes protectionnistes et les menaces de représailles chinoises, de nombreux observateurs craignent une véritable guerre commerciale entre les deux puissances.
Cela pourrait bien devenir le plus gros conflit commercial depuis la guerre tarifaire Chine-USA sous la présidence Trump.
– Analyse un expert du commerce international
Les tentatives de discussions entre Bruxelles et Pékin n’auront donc pas suffi à apaiser les tensions, qui semblent parties pour durer. Reste à voir qui, de l’UE ou de la Chine, aura les reins assez solides pour tenir la ligne la plus longtemps dans cet affrontement économique.