En plein cœur d’un scandale de financement opaque, l’Union européenne se retrouve pointée du doigt pour son soutien à une université islamique controversée en Turquie. Malgré les propos polémiques de son recteur et ses liens supposés avec le Hamas, l’établissement bénéficie de subventions européennes dans le cadre du programme d’échange Erasmus+. Une situation qui suscite l’indignation de personnalités politiques comme Bruno Retailleau et Benjamin Haddad, qui exigent la fin immédiate de ces financements.
Une université islamique aux accointances douteuses
Au cœur de la tourmente se trouve l’Université islamique des sciences et technologies de Gaziantep, située dans le sud-est de la Turquie. Fondée en 2019, cette institution a rapidement attiré l’attention en raison du profil controversé de son recteur-fondateur, Nihat Hatipoğlu. Nommé par le président turc Recep Tayyip Erdoğan lui-même, Hatipoğlu est connu pour ses déclarations choquantes, considérant notamment l’homosexualité comme une “maladie”.
Mais ce n’est pas tout. L’université est également soupçonnée d’entretenir des liens étroits avec le Hamas, un mouvement islamiste palestinien classé comme organisation terroriste par l’Union européenne et les États-Unis. D’après une source proche du dossier, le nouveau recteur de l’établissement aurait même rendu hommage au chef du Hamas tué récemment par une frappe israélienne, qualifiant Israël de “tyrannique, barbare et inhumain”.
Des subventions européennes qui font polémique
Malgré ces signaux alarmants, l’Université islamique de Gaziantep continue de bénéficier des largesses de l’Union européenne. Intégrée depuis juin 2022 au programme de mobilité Erasmus+ pour les années universitaires 2022 à 2025, elle permet à ses étudiants et professeurs d’être accueillis au sein des universités européennes et inversement.
Mais ce n’est pas tout. En septembre dernier, l’université annonçait même être à la tête d’un projet de recherche entièrement financé par la Commission européenne à hauteur de 250 000 euros. Une générosité qui tranche avec la décision de Bruxelles d’exclure 21 universités hongroises du programme Erasmus+ en raison de leur proximité avec le gouvernement de Viktor Orbán.
L’indignation monte chez les politiques français
Face à cette situation pour le moins ambiguë, des voix s’élèvent en France pour dénoncer le deux poids deux mesures de la Commission européenne. Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, et le député européen Benjamin Haddad ont annoncé leur intention d’écrire à la Commission pour exiger la fin des subventions à l’université turque.
“Votre colère est ma colère. Je vais écrire avec Benjamin Haddad une lettre à la Commission pour qu’elle puisse se préoccuper de l’entrisme”,
a déclaré Bruno Retailleau.
Une prise de position ferme qui témoigne de l’inquiétude grandissante face à ce qui est perçu comme une forme d’entrisme islamiste au sein même des institutions européennes. Il reste maintenant à voir si la Commission européenne prendra en compte ces critiques et mettra fin à ces financements controversés. L’avenir nous le dira.
En attendant, cette affaire jette une lumière crue sur les paradoxes et les incohérences de la politique européenne en matière d’éducation et de lutte contre la radicalisation. Comment expliquer que des universités hongroises soient sanctionnées pour leur proximité avec un gouvernement démocratiquement élu tandis qu’une université islamique aux accointances douteuses continue de bénéficier de la manne européenne ?
C’est toute la question de la transparence et de la cohérence qui est posée ici. Les citoyens européens sont en droit d’attendre de leurs institutions qu’elles fassent preuve de discernement et de fermeté face aux menaces, d’où qu’elles viennent. Espérons que cette affaire serve de prise de conscience et que des mesures soient prises rapidement pour corriger le tir.
Car au-delà du cas particulier de l’Université de Gaziantep, c’est bien la question de l’influence croissante des mouvements islamistes en Europe qui est en jeu. Un défi de taille pour nos démocraties, qui se doivent de rester vigilantes face à toute tentative de déstabilisation ou d’infiltration.
L’Union européenne, en tant que garante des valeurs de liberté, d’égalité et de laïcité, se doit d’être exemplaire en la matière. Il en va de sa crédibilité et de sa capacité à défendre le modèle européen face aux menaces intérieures et extérieures. Un combat de tous les instants qui nécessite courage, lucidité et détermination.
Gageons que l’affaire de l’université turque serve d’électrochoc et pousse les décideurs européens à revoir leurs priorités et leurs critères d’attribution des financements. Car c’est bien de l’avenir de notre continent qu’il s’agit, et de notre capacité collective à préserver les fondements de notre vivre-ensemble.
Un défi immense, certes, mais un défi à notre portée si nous savons faire preuve de discernement, de cohérence et de fermeté. L’Europe a tous les atouts pour relever ce challenge et sortir grandie de cette épreuve. À nous de nous en donner les moyens, sans faiblesse ni compromission.