C’est un appel au sursaut qui résonne dans les couloirs de Bruxelles. Alors que la guerre fait rage en Ukraine depuis près d’un an, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a exhorté mercredi les États membres de l’UE à muscler en urgence leurs dépenses de défense. Un constat alarmant partagé jusqu’à Washington, le président américain Donald Trump jugeant lui aussi que « l’Europe doit dépenser plus ».
L’Europe face au péril russe
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, les signaux d’alarme n’ont cessé de retentir à Bruxelles. Kaja Kallas, ancienne cheffe du gouvernement estonien, a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence dans la capitale européenne.
Il est temps d’investir ! L’an dernier, les États membres ont consacré en moyenne seulement 1,9% de leur PIB à la défense. La Russie y consacre 9%. C’est un signal dangereux envoyé à l’agresseur.
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne
Un constat partagé par le Premier ministre polonais Donald Tusk, dont le pays est en première ligne face à la menace russe. Devant le Parlement européen à Strasbourg, il a appelé les 27 à prendre au sérieux la recommandation de Donald Trump de porter les dépenses militaires à 5% du PIB.
Un besoin urgent d’investissements
Pour Kaja Kallas, le besoin de muscler les capacités de défense est pressant. « Nous dépensons des milliards dans nos écoles, nos systèmes de santé, notre protection sociale. Mais si nous ne dépensons pas plus dans la défense, tout ceci sera mis en danger », a-t-elle averti.
Des investissements sont nécessaires à la fois de la part des États membres, du secteur privé mais aussi du budget européen selon la diplomate. Un enjeu crucial pour la sécurité et la souveraineté du continent.
Si l’Europe veut survivre, elle doit s’armer.
Donald Tusk, Premier ministre polonais
Vers une Europe puissance ?
Cet électrochoc sur les dépenses de défense pourrait accélérer l’émergence d’une véritable Europe puissance sur la scène internationale. Un virage stratégique majeur pour l’UE, qui s’est longtemps reposée sur le parapluie sécuritaire américain.
Le soutien inattendu de Donald Trump à cet effort pourrait paradoxalement dynamiser ce sursaut. « Ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour votre sécurité, demandez-vous ce que nous pouvons faire pour notre sécurité », a exhorté Donald Tusk, pastichant John F. Kennedy.
Reste à transformer l’essai budgétaire. Certains pays montrent l’exemple, comme la Pologne qui prévoit de consacrer 4,7% de son PIB cette année à la défense. Mais d’autres traînent encore les pieds, réticents à rogner sur leurs dépenses sociales en temps de crise. L’avenir de la sécurité européenne se jouera dans les arbitrages budgétaires des prochains mois.
