En ce premier jour de mandat, les nouveaux dirigeants de l’Union Européenne ont choisi de se rendre à Kiev pour une visite hautement symbolique. Un déplacement qui intervient dans un contexte de vives tensions entre la Russie et l’Occident, quelques jours après des frappes croisées et des menaces nucléaires. Par ce geste fort, l’UE entend réaffirmer son soutien indéfectible à l’Ukraine.
Un message clair envoyé à l’Ukraine et à la Russie
Dès leur prise de fonction, Kaja Kallas, nouvelle cheffe de la diplomatie européenne, et Antonio Costa, président du Conseil européen, ont tenu à se rendre au chevet de l’Ukraine meurtrie. Leur objectif : montrer que malgré un conflit qui s’enlise et une situation de plus en plus critique sur le terrain, l’Union Européenne reste aux côtés du peuple ukrainien.
« Nous sommes venus pour faire passer un message clair : nous sommes aux côtés de l’Ukraine et nous continuons à lui apporter tout notre soutien »
a déclaré Antonio Costa aux journalistes qui l’accompagnaient.
Un soutien qui va bien au-delà du symbole, puisque depuis le début de l’invasion russe en 2022, l’Europe a déjà dépensé environ 125 milliards de dollars pour aider l’Ukraine, tandis que les États-Unis ont déboursé plus de 90 milliards.
L’Ukraine prise en étau entre tensions et espoirs de négociations
Alors que la situation ne cesse de se dégrader sur le front, avec des frappes de plus en plus violentes de part et d’autre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé l’Otan à offrir sa protection aux régions encore contrôlées par Kiev. Une demande qui laisse entrevoir un possible cessez-le-feu, à condition que la Russie accepte de renoncer aux territoires occupés.
Mais du côté russe, Vladimir Poutine campe sur ses positions, réclamant que l’Ukraine cède quatre régions du sud et de l’est, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à intégrer l’Otan. Des exigences jugées inacceptables par Kiev, qui refuse tout compromis sur son intégrité territoriale.
Le soutien occidental mis à l’épreuve
Face à cette impasse, les dirigeants européens tentent de maintenir un fragile équilibre. Tout en affirmant leur soutien à l’Ukraine, ils sont conscients que l’adhésion à l’Otan reste un horizon lointain, de nombreux pays membres craignant d’être entraînés dans un conflit direct avec la Russie.
«La garantie de sécurité la plus forte est l’adhésion à l’Otan»
a cependant affirmé Kaja Kallas, prenant le contrepied de cette prudence diplomatique.
De son côté, l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison Blanche fait planer une incertitude supplémentaire, le milliardaire ayant critiqué les sommes colossales dépensées pour l’Ukraine. La cheffe de la diplomatie européenne a assuré qu’elle utiliserait un « langage transactionnel » pour tenter de convaincre le futur président américain que soutenir Kiev reste dans l’intérêt des États-Unis.
L’UE cherche à renforcer Kiev dans la perspective de négociations
Malgré les défis, l’Union Européenne semble déterminée à poursuivre son aide à l’Ukraine, afin de placer Kiev dans une position favorable en vue d’éventuelles négociations avec Moscou. Kaja Kallas a d’ailleurs affirmé que l’UE ne devrait « rien exclure » concernant l’envoi de troupes européennes en Ukraine pour faire respecter un potentiel cessez-le-feu, quitte à prendre le risque d’un affrontement direct.
Lors de leur visite à Kiev, les dirigeants européens devraient réaffirmer ces engagements auprès de Volodymyr Zelensky, tout en l’encourageant à rester ouvert au dialogue. Un exercice d’équilibriste périlleux, alors que les combats font rage et que les perspectives de paix semblent plus lointaines que jamais.
Cette visite marque en tout cas la volonté des nouveaux leaders de l’UE d’imprimer leur marque dès leur entrée en fonction, en plaçant la résolution du conflit ukrainien au cœur de leur action diplomatique. Reste à savoir si ce soutien affiché suffira à faire pencher la balance en faveur de Kiev, dans un rapport de force qui semble pour l’heure favorable à Moscou.
Une chose est sûre : malgré la fatigue de l’opinion et les difficultés croissantes, l’Ukraine peut encore compter sur la détermination européenne. Un soutien précieux, alors que le pays traverse l’une des périodes les plus sombres de son Histoire.