Le spectre d’un conflit armé entre la Russie et l’Europe n’a jamais semblé aussi présent. C’est le message d’alerte lancé par Andrius Kubilius, le nouveau commissaire européen à la Défense, qui appelle à une véritable révolution dans le domaine militaire pour faire face à la menace grandissante venue de l’Est.
Une menace russe de plus en plus pressante
Selon plusieurs rapports des services de renseignement cités par M. Kubilius, la Russie pourrait être prête à lancer une attaque militaire contre un pays de l’Union Européenne ou de l’OTAN avant 2030. Une perspective inquiétante qui soulève des questions sur la capacité de l’Europe à se défendre face à une telle agression.
Pour le commissaire européen, il est urgent de passer à la vitesse supérieure en matière de défense. Plus question de se contenter d’une approche progressive. Ce qu’il faut, c’est un véritable « big bang », un changement radical et rapide pour combler le retard accumulé ces dernières années.
Un déséquilibre préoccupant
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors que la Russie consacre près de 9% de son PIB aux dépenses militaires, l’UE n’y alloue que 0,1% pour aider l’Ukraine. Un écart abyssal qui met en lumière la faiblesse de l’Europe sur le plan stratégique.
La question est de savoir s’il y a suffisamment de volonté politique en Europe pour nous défendre.
Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense
Un effort d’investissement massif
Pour rattraper son retard, l’Europe devra consentir à un effort financier colossal. Selon les estimations, il faudrait investir environ 500 milliards d’euros sur les dix prochaines années pour se doter des capacités nécessaires.
Cela passerait notamment par :
- La constitution de 49 nouvelles brigades
- L’acquisition de 1500 chars d’assaut supplémentaires
- Le déploiement d’un millier de pièces d’artillerie
Un programme ambitieux qui nécessitera une coordination étroite entre les États membres et un soutien appuyé à l’industrie de défense européenne.
Vers une autonomie stratégique européenne
Au-delà de l’enjeu sécuritaire immédiat, c’est la question de la souveraineté et de l’autonomie stratégique de l’Europe qui est posée. En renforçant ses capacités de défense, l’UE s’affirmerait comme une puissance capable de peser sur la scène internationale et de défendre ses intérêts face aux menaces extérieures.
Cela passera aussi par une plus grande intégration des forces armées européennes et une meilleure mutualisation des moyens. Un défi de taille alors que les réticences nationales restent fortes et que le consensus n’est pas toujours évident.
L’urgence d’agir
Face à l’ampleur de la menace, il n’y a plus de temps à perdre selon M. Kubilius. Chaque jour qui passe est un jour de perdu pour renforcer la sécurité du continent. L’Histoire a montré dans le passé le prix des atermoiements et de la faiblesse, notamment pendant les années 30.
Le commissaire européen en est convaincu : si l’Europe ne procède pas dès maintenant à son « big bang » de la défense, elle risque de le payer très cher à l’avenir. Il en va de la crédibilité et de la survie même du projet européen dans un monde de plus en plus instable et conflictuel.
L’heure des choix a sonné. Les dirigeants européens sauront-ils relever le défi et doter l’UE des moyens de ses ambitions ? C’est tout l’enjeu des prochains mois qui s’annoncent décisifs pour l’avenir de la défense européenne. Un avenir qui déterminera aussi la place de l’Europe dans le nouvel ordre mondial en train d’émerger.