Imaginez un stade en ébullition, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, et un jeune joueur qui, d’un geste, fait vibrer des milliers de supporters. Dimanche dernier, dans l’ambiance électrique du derby entre Saint-Étienne et Lyon, un nom a résonné : Lucas Stassin. Ce Belge de 20 ans, avec un doublé décisif, a non seulement offert la victoire à son équipe, mais a aussi failli enflammer le match avec une célébration audacieuse inspirée d’une légende. Mais pourquoi a-t-il finalement opté pour un autre geste, celui de la panthère noire ? Plongeons dans cette histoire où passion, rivalité et fair-play se rencontrent.
Un Derby, Une Épopée, Un Héros Inattendu
Les derbys sont plus que des matchs : ce sont des batailles d’identité, des moments où chaque geste compte. Celui entre Saint-Étienne et Lyon, deux villes séparées par à peine 60 kilomètres, est l’un des plus intenses de France. Dimanche, dans un stade Geoffroy-Guichard bouillant, Lucas Stassin, attaquant de Saint-Étienne, a écrit une nouvelle page de cette rivalité. Avec deux buts, il a permis aux Verts de s’imposer 2-1, mettant fin à une disette de six ans face à leur ennemi juré.
Mais au-delà des buts, c’est son intention de célébrer qui a captivé l’attention. Stassin, connu pour son caractère provocateur, avait un plan : rendre hommage à une célébration légendaire, celle de Nabil Fekir en 2017. Ce jour-là, Fekir, alors capitaine lyonnais, avait retiré son maillot pour l’exhiber face aux supporters stéphanois après une victoire écrasante (5-0). Un geste provocateur, gravé dans les mémoires.
Une Célébration Préparée… Mais Abandonnée
Avant le match, Stassin s’était plongé dans l’histoire du derby. En visionnant des archives, il était tombé sur la célébration de Fekir. “C’était tellement audacieux, presque théâtral,” aurait-il confié à ses coéquipiers. Il voulait reprendre ce geste, non pas pour manquer de respect, mais pour marquer les esprits et s’inscrire dans la légende de cette rivalité. Un pari risqué, surtout pour un joueur qui, ce jour-là, avait déjà frôlé l’expulsion après une faute sur Corentin Tolisso.
“J’avais tout prévu : marquer, courir vers la tribune, et faire comme Fekir. Mais sur le moment, j’ai senti que ça n’aurait pas le même impact.”
Lucas Stassin, après le match
Pourquoi ce revirement ? La réponse tient en un mot : supporters. Contrairement à 2017, les tribunes adverses étaient vides ce dimanche. Sans fans lyonnais pour réagir, le geste aurait perdu de sa saveur. Stassin, malin, a choisi de ne pas forcer la provocation. À la place, il a opté pour un hommage à son club, imitant la panthère noire, un symbole cher aux supporters stéphanois.
La Panthère Noire : Un Symbole d’Histoire
La panthère noire n’est pas qu’une pose. C’est une célébration ancrée dans l’ADN de Saint-Étienne, initiée par le Brésilien Alex dans les années 2000, puis popularisée par des joueurs comme Bafétimbi Gomis et Max-Alain Gradel. Ce geste, où le joueur mime une panthère en chasse, incarne la combativité et la fierté des Verts. En le choisissant, Stassin a non seulement évité une polémique, mais il a aussi renforcé son lien avec les supporters.
Pourquoi la panthère noire ? Ce symbole tire son origine du surnom donné à l’équipe dans les années 70, lorsque Saint-Étienne dominait le football français. La panthère représente la puissance, l’agilité, et une forme d’élégance féroce.
Ce choix a été salué par les supporters, qui y ont vu un signe de respect pour l’histoire du club. Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont fusé : “Il a compris ce que signifie être un Vert,” écrivait un fan. Pourtant, certains ont regretté un manque d’audace, estimant qu’il aurait dû maintenir son plan initial pour “enflammer” le derby.
Un Parcours semé d’Embûches
Si Lucas Stassin a brillé dimanche, son chemin n’a pas été sans obstacles. Arrivé à Saint-Étienne à l’été 2024, le jeune Belge a d’abord peiné à s’imposer. Ses débuts laborieux, marqués par des occasions manquées et une adaptation difficile au rythme de la Ligue 1, avaient semé le doute. Mais sous la houlette de son entraîneur, il a progressivement trouvé ses marques, devenant un titulaire indiscutable.
Son doublé face à Lyon n’est pas un hasard. Il reflète une confiance retrouvée et une capacité à saisir les moments clés. “Il a ce quelque chose en plus, cette audace des grands joueurs,” notait un observateur après le match. Mais son geste sur Tolisso, qui aurait pu lui valoir un carton rouge, rappelle qu’il doit encore canaliser son énergie.
Le Derby : Un Contexte Unique
Les derbys ne sont pas des matchs comme les autres. Ils transcendent le sport pour devenir des événements culturels, presque sacrés. À Saint-Étienne, où le football est une religion, battre Lyon est une question d’honneur. Depuis 2019, les Verts n’avaient plus connu ce bonheur. La victoire de dimanche, portée par Stassin, a redonné espoir à une ville entière.
Pour mieux comprendre l’impact de ce match, voici quelques chiffres clés :
- 6 ans : La durée depuis la dernière victoire de Saint-Étienne face à Lyon.
- 2 buts : Le doublé de Stassin, son premier en professionnel.
- 42 000 : Le nombre de spectateurs à Geoffroy-Guichard, tous acquis à la cause des Verts.
Ces chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. L’émotion, les chants, les frissons : tout cela fait du derby un moment à part. Stassin, en marquant et en célébrant, s’est inscrit dans cette légende.
Fair-Play ou Manque d’Audace ?
Le choix de Stassin de ne pas imiter Fekir a divisé. Pour certains, c’est une preuve de fair-play. Sans supporters lyonnais à provoquer, le geste aurait été gratuit, voire mal interprété. “Il a fait preuve d’intelligence,” estime un commentateur. D’autres, en revanche, y voient une occasion manquée. “Un derby, c’est fait pour provoquer, pour marquer les esprits,” lançait un supporter sur les réseaux.
“Un derby sans provocation, c’est comme un match sans but : ça manque de sel.”
Un supporter anonyme
Ce débat reflète la nature même des derbys : des moments où l’émotion prime sur la raison. Stassin, en optant pour la panthère noire, a choisi de célébrer son club plutôt que de chercher la controverse. Un choix qui, à long terme, pourrait renforcer sa popularité auprès des fans.
L’Avenir de Stassin : Une Étoile en Devenir ?
À seulement 20 ans, Lucas Stassin est déjà au centre des attentions. Son doublé face à Lyon, son audace, et même ses erreurs montrent un joueur en pleine éclosion. Mais pour devenir une véritable star, il devra travailler sa régularité et sa discipline. Son entraîneur, conscient de son potentiel, le pousse à “garder la tête froide” tout en cultivant cette spontanéité qui fait sa force.
Pour l’heure, Stassin savoure. “Marquer dans un derby, c’est indescriptible,” a-t-il déclaré, un sourire en coin. Et s’il continue sur cette lancée, nul doute que d’autres célébrations mémorables viendront enrichir son répertoire.
Pourquoi les Célébrations Comptent
Dans le football, un but n’est pas qu’un point au tableau d’affichage. C’est un moment de communion, une explosion d’émotions. Les célébrations, qu’elles soient provocantes comme celle de Fekir ou symboliques comme la panthère noire, sont une façon pour les joueurs de dialoguer avec les supporters. Elles créent des souvenirs, des histoires, des légendes.
Voici quelques célébrations iconiques qui ont marqué le football :
Joueur | Célébration | Contexte |
---|---|---|
Nabil Fekir | Maillot exhibé | Derby 2017, Lyon-Saint-Étienne |
Bafétimbi Gomis | Panthère noire | Années 2010, Saint-Étienne |
Cristiano Ronaldo | “Siu” | Mondial, multiples clubs |
Chaque geste raconte une histoire. Celui de Stassin, en choisissant la panthère noire, parle de respect, d’appartenance, et d’un joueur qui veut laisser sa marque.
Un Match Qui Change Tout
Pour Saint-Étienne, ce derby n’était pas qu’une victoire. C’était une renaissance. Après des années de galère, dont une relégation en Ligue 2, le club retrouve des couleurs. Stassin, avec son doublé et son geste, est devenu le symbole de cette résurrection. Les supporters, eux, rêvent déjà du prochain affrontement.
Et pour Lucas Stassin ? Ce match pourrait être un tournant. En marquant, en célébrant, en provoquant (même à moitié), il a montré qu’il avait l’étoffe des grands. Reste à savoir s’il saura transformer cet essai. Une chose est sûre : dans le chaudron de Geoffroy-Guichard, son nom résonne désormais un peu plus fort.
Un derby, un doublé, une célébration : l’histoire d’un joueur qui entre dans la légende.