La récente offensive du M23 a été déclenchée à la veille d’un sommet de paix organisé à Luanda, qui était censé ramener le calme dans la région. Mais faute d’accord entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, la rencontre a finalement été annulée, laissant le champ libre aux affrontements qui se poursuivent sans répit.
Des civils pris entre deux feux
Face à cette situation explosive, au moins 100 000 personnes ont dû fuir les combats depuis le 2 décembre selon les Nations Unies. Certains ont trouvé refuge chez des proches à Lubero, tandis que d’autres ont préféré poursuivre leur route vers le nord, espérant échapper aux violences. Car en plus de la menace des rebelles, les civils doivent composer avec les exactions attribuées aux forces gouvernementales pendant leur retraite.
Ils pillent tout sur leur passage. Dans notre village, toutes les maisons ont été vidées, il ne reste plus rien.
témoigne Jeanne Masika, une déplacée
« Nous avons peur du M23, mais nous craignons aussi nos propres militaires », résume-t-elle, exprimant un sentiment partagé par de nombreux habitants de la région, pris en étau entre les différentes forces en présence.
Un climat de défiance généralisée
Dans ce contexte, la défiance envers les autorités et l’armée ne cesse de croître parmi la population. Beaucoup estiment que les chefs militaires sont responsables de la déroute des troupes congolaises face à l’avancée des rebelles. « Jusqu’où allons-nous être humiliés ? » s’insurge un responsable local sous couvert d’anonymat, reflétant la colère grandissante des civils.
Ils envoient nos soldats au front, puis ils les abandonnent. Ils doivent ensuite battre en retraite à pied sur des dizaines de kilomètres. Il ne faut pas s’étonner qu’ils se mettent à piller ensuite.
dénonce un autre habitant
Face à ces accusations, l’armée congolaise a annoncé vendredi un vaste remaniement de son état-major. Mais pour beaucoup, ces mesures arrivent trop tard. « Il y a des traîtres dans nos rangs », affirme Assa Paluku Mahamba, représentant d’une coalition de milices locales pro-Kinshasa. Des soupçons de collusion qui alimentent un climat délétère de paranoïa.
La société civile en première ligne
Dans cette ambiance de suspicion généralisée, amplifiée par la propagation de fausses informations alarmistes sur les réseaux sociaux, de nombreux habitants sont persuadés que des « informateurs de l’ennemi » ont infiltré la ville. Une situation particulièrement préoccupante pour les défenseurs des droits humains et les représentants de la société civile, qui affirment recevoir des menaces de plus en plus fréquentes à mesure que le M23 gagne du terrain.
« Ils savent très bien qui nous sommes », s’inquiète un responsable associatif local qui préfère taire son nom. « Si les rebelles arrivent ici, je serai forcé de partir », confie-t-il, la peur au ventre, résumant le dilemme auquel sont confrontés tous ceux qui osent encore élever la voix dans ce contexte explosif. Car le M23 est tristement réputé pour museler toute voix discordante dans les zones qu’il contrôle.
Ainsi, malgré les apparences d’une vie qui suit son cours, Lubero se trouve aujourd’hui au bord du gouffre, suspendue à l’évolution d’un conflit qui menace d’embraser toute la région. Entre peur et défiance, ses habitants tentent de garder espoir, tout en se préparant au pire. Une situation intenable qui en dit long sur la souffrance quotidienne des civils pris dans l’engrenage sans fin des violences dans l’est de la RDC.
Derrière les apparences trompeuses d’un calme précaire, la ville de Lubero, lovée au cœur des collines boisées de l’est de la République démocratique du Congo, vit depuis plusieurs jours sous la menace grandissante d’une offensive des rebelles du M23. Alors que la ligne de front ne se trouve plus qu’à une cinquantaine de kilomètres, une atmosphère lourde de peur et de défiance s’est installée parmi les quelque 100 000 habitants de cette cité de la province du Nord-Kivu.
« L’ennemi est aux portes de la ville », confie Crispin Hinga, le bourgmestre de Lubero, ajoutant que la plupart des gens ont déjà fait leurs valises, prêts à fuir à tout moment. Dans les rues boueuses, des militaires des forces armées congolaises (FARDC) ayant battu en retraite lors des derniers affrontements déambulent sous une pluie froide et persistante, ajoutant à l’ambiance morose qui règne sur la ville.
Une situation qui s’aggrave de jour en jour
Le « Mouvement du 23 mars » (M23), un groupe armé soutenu par le Rwanda voisin, a réalisé une avancée fulgurante ces derniers jours, gagnant plusieurs dizaines de kilomètres de terrain et faisant craindre un effondrement total du front. Depuis la reprise de ses activités en novembre 2021, cette rébellion a déjà conquis de vastes pans de territoire dans cette région riche en ressources naturelles mais déchirée par des conflits depuis plus de 30 ans.
La récente offensive du M23 a été déclenchée à la veille d’un sommet de paix organisé à Luanda, qui était censé ramener le calme dans la région. Mais faute d’accord entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, la rencontre a finalement été annulée, laissant le champ libre aux affrontements qui se poursuivent sans répit.
Des civils pris entre deux feux
Face à cette situation explosive, au moins 100 000 personnes ont dû fuir les combats depuis le 2 décembre selon les Nations Unies. Certains ont trouvé refuge chez des proches à Lubero, tandis que d’autres ont préféré poursuivre leur route vers le nord, espérant échapper aux violences. Car en plus de la menace des rebelles, les civils doivent composer avec les exactions attribuées aux forces gouvernementales pendant leur retraite.
Ils pillent tout sur leur passage. Dans notre village, toutes les maisons ont été vidées, il ne reste plus rien.
témoigne Jeanne Masika, une déplacée
« Nous avons peur du M23, mais nous craignons aussi nos propres militaires », résume-t-elle, exprimant un sentiment partagé par de nombreux habitants de la région, pris en étau entre les différentes forces en présence.
Un climat de défiance généralisée
Dans ce contexte, la défiance envers les autorités et l’armée ne cesse de croître parmi la population. Beaucoup estiment que les chefs militaires sont responsables de la déroute des troupes congolaises face à l’avancée des rebelles. « Jusqu’où allons-nous être humiliés ? » s’insurge un responsable local sous couvert d’anonymat, reflétant la colère grandissante des civils.
Ils envoient nos soldats au front, puis ils les abandonnent. Ils doivent ensuite battre en retraite à pied sur des dizaines de kilomètres. Il ne faut pas s’étonner qu’ils se mettent à piller ensuite.
dénonce un autre habitant
Face à ces accusations, l’armée congolaise a annoncé vendredi un vaste remaniement de son état-major. Mais pour beaucoup, ces mesures arrivent trop tard. « Il y a des traîtres dans nos rangs », affirme Assa Paluku Mahamba, représentant d’une coalition de milices locales pro-Kinshasa. Des soupçons de collusion qui alimentent un climat délétère de paranoïa.
La société civile en première ligne
Dans cette ambiance de suspicion généralisée, amplifiée par la propagation de fausses informations alarmistes sur les réseaux sociaux, de nombreux habitants sont persuadés que des « informateurs de l’ennemi » ont infiltré la ville. Une situation particulièrement préoccupante pour les défenseurs des droits humains et les représentants de la société civile, qui affirment recevoir des menaces de plus en plus fréquentes à mesure que le M23 gagne du terrain.
« Ils savent très bien qui nous sommes », s’inquiète un responsable associatif local qui préfère taire son nom. « Si les rebelles arrivent ici, je serai forcé de partir », confie-t-il, la peur au ventre, résumant le dilemme auquel sont confrontés tous ceux qui osent encore élever la voix dans ce contexte explosif. Car le M23 est tristement réputé pour museler toute voix discordante dans les zones qu’il contrôle.
Ainsi, malgré les apparences d’une vie qui suit son cours, Lubero se trouve aujourd’hui au bord du gouffre, suspendue à l’évolution d’un conflit qui menace d’embraser toute la région. Entre peur et défiance, ses habitants tentent de garder espoir, tout en se préparant au pire. Une situation intenable qui en dit long sur la souffrance quotidienne des civils pris dans l’engrenage sans fin des violences dans l’est de la RDC.