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L’ouverture d’un centre pour migrants clandestins fait polémique

La petite commune huppée d'Écully près de Lyon voit débarquer un centre pour 70 migrants clandestins en attente de l'évaluation de leur minorité. Le maire LR est furieux mais la Métropole assume ce choix délicat. La cohabitation promet d'être tendue dans cette ville résidentielle...

C’est une petite révolution qui s’annonce dans la paisible commune d’Écully, située dans la banlieue chic de Lyon. La Métropole a en effet décidé d’y installer un centre d’accueil pour 70 jeunes migrants, en attente de l’évaluation de leur minorité. Une décision qui passe mal auprès du maire LR Sébastien Michel, qui ne cache pas son mécontentement face à ce projet imposé.

Un choc pour la bourgeoise Écully

Écully, c’est un peu le Saint-Germain-en-Laye lyonnais. Grandes demeures bourgeoises, rues calmes bordées d’arbres, commerces de bouche haut de gamme… L’arrivée d’un centre pour migrants clandestins a de quoi surprendre dans ce cadre feutré. Les locaux choisis sont ceux d’une ancienne école d’ingénieurs, un bâtiment appartenant à la Métropole de Lyon.

Le maire Sébastien Michel ne mâche pas ses mots. Pour lui, c’est un « passage en force » de la part de la Métropole, qui a pris cette décision sans concertation. « Je suis opposé à cette installation, surtout dans ces conditions », tempête l’élu, qui pointe du doigt le manque de dialogue et de transparence.

La Métropole assume son choix

Du côté de la collectivité dirigée par les écologistes et la gauche, on assume ce choix délicat. Face à l’urgence de la situation et au manque de places d’hébergement, il a fallu trouver des solutions rapidement. « Nous avons une responsabilité en matière d’accueil des mineurs non accompagnés », plaide la Métropole, qui assure que toutes les précautions seront prises pour assurer la sécurité et le suivi de ces jeunes.

Nous ne pouvons pas laisser ces mineurs à la rue, c’est un impératif humanitaire.

Un responsable de la Métropole de Lyon

Des riverains inquiets

Malgré ces arguments, l’inquiétude est palpable chez certains riverains. Beaucoup redoutent des nuisances et des problèmes de cohabitation avec ces jeunes migrants, souvent en rupture et désocialisés. Des craintes que tentent de tempérer les services de la Métropole, qui promettent un accompagnement renforcé de ces mineurs.

  • 70 places d’hébergement dans l’ancienne école d’ingénieurs
  • Un encadrement 24h/24 par des éducateurs spécialisés
  • Un suivi social, médical et administratif des jeunes

L’évaluation de la minorité en question

Au cœur de ce dossier sensible, la question de l’évaluation de la minorité des jeunes migrants cristallise les tensions. Un processus complexe et souvent critiqué, qui vise à déterminer si ces jeunes étrangers sont bien mineurs et peuvent donc bénéficier d’une protection spécifique. Mais les tests osseux pratiqués sont jugés peu fiables par beaucoup de spécialistes.

En attendant les résultats de ces évaluations, qui peuvent prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, les jeunes sont dans un entre-deux juridique précaire. D’où la nécessité de leur offrir un hébergement et un accompagnement adaptés, pour éviter qu’ils ne basculent dans la rue et la délinquance.

Un sujet politique inflammable

On l’aura compris, le sujet est politiquement explosif, surtout à l’approche des élections municipales. L’opposition de droite ne se prive pas de monter au créneau pour dénoncer le laxisme présumé de la majorité de gauche. Les élus RN et LR exigent des garanties sur le profil et l’origine des jeunes accueillis.

On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, ces migrants vont perturber la tranquillité de nos communes.

Un élu RN de la Métropole de Lyon

Face à ces vives critiques, les responsables métropolitains tentent de calmer le jeu. Ils promettent la plus grande vigilance sur le processus de sélection et de suivi de ces jeunes, avec une collaboration renforcée avec la préfecture et la justice. L’objectif : éviter tout débordement et prouver que l’accueil de ces mineurs étrangers peut se faire dans de bonnes conditions.

Un test pour le vivre-ensemble

Au-delà des polémiques, l’ouverture de ce centre pour mineurs non accompagnés sera un véritable test pour le vivre-ensemble et la solidarité dans la métropole lyonnaise. Réussir l’intégration de ces jeunes, souvent fragiles et traumatisés, est un défi majeur qui en dit long sur notre capacité à faire société commune.

Cela passera par un accompagnement social et éducatif de qualité, mais aussi par un travail de pédagogie et de dialogue avec les habitants. Car au fond, c’est la peur de l’autre et la tentation du repli qui sont les vrais poisons de notre cohésion. En ouvrant ce centre, aussi modeste soit-il, la Métropole fait le pari de la fraternité et de l’hospitalité. Pas sûr que cela suffise à convaincre le maire d’Écully, mais c’est un premier pas vers une société plus inclusive.

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