En mer Baltique, les eaux sont agitées et pas seulement en surface. Récemment, des incidents troublants ont secoué cette zone stratégique, théâtre d’une guerre hybride entre la Russie et les pays occidentaux. Au cœur des suspicions : le mystérieux sabotage d’un câble sous-marin reliant la Finlande à l’Estonie. Face à cette menace, l’Otan a décidé de renforcer sa présence militaire dans la région.
Un câble endommagé, des soupçons qui pèsent lourd
Le jour de Noël, le câble électrique EstLink 2 qui relie la Finlande et l’Estonie a été endommagé. Si l’approvisionnement en électricité des Finlandais n’a pas été affecté, les soupçons se sont rapidement portés sur un navire pétrolier russe, l’Eagle S, qui naviguait justement dans la zone à ce moment-là. Ce dernier, parti du port de Saint-Pétersbourg et battant pavillon des îles Cook, est suspecté de faire partie de la « flotte fantôme » permettant à la Russie de contourner les sanctions occidentales sur ses exportations de pétrole.
La police finlandaise a ouvert une enquête pour « sabotage aggravé » et le navire a été arraisonné. Mais au-delà de cet incident spécifique, c’est toute une série d’actions malveillantes qui inquiète dans la région, visant notamment les infrastructures énergétiques et de communication. Des actes qui s’inscrivent, selon experts et responsables politiques, dans le cadre d’une véritable « guerre hybride » opposant la Russie aux pays occidentaux.
L’Otan muscle sa présence en mer Baltique
Face à cette situation, l’Otan a décidé de réagir. Son secrétaire général Mark Rutte a échangé avec le président finlandais Alexander Stubb et exprimé son « soutien total ». Il a annoncé que l’Alliance atlantique allait renforcer sa présence militaire dans la mer Baltique. De son côté, l’Estonie a aussi dépêché des patrouilles en mer pour protéger sa connexion électrique avec la Finlande, se disant prête à la défendre « même avec des moyens militaires » selon le ministre de la Défense estonien.
Une zone sous haute tension
Ces incidents s’ajoutent à une liste déjà longue depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. En novembre dernier, deux câbles de télécommunications avaient notamment été coupés dans les eaux territoriales suédoises. Là encore, un navire chinois, le Yi Peng 3, était soupçonné, illustrant l’implication potentielle d’autres acteurs dans ce conflit.
La mer Baltique, bordée par plusieurs pays membres de l’Otan mais où la Russie dispose aussi de points d’entrée, est ainsi devenue une zone de tensions et de rivalités exacerbées. Les récents sabotages présumés de câbles sous-marins en sont une illustration supplémentaire. S’ils ne menacent pas directement l’approvisionnement en énergie des pays concernés, ils portent néanmoins atteinte à des infrastructures critiques et créent un climat d’insécurité.
L’Europe face au défi de la sécurité de ses infrastructures stratégiques
Au-delà de la réponse militaire, ces événements posent la question de la protection des infrastructures stratégiques européennes, bien souvent transfrontalières et sous-marines, donc difficiles à surveiller. Câbles de communication, gazoducs, réseaux électriques… autant d’installations vitales mais vulnérables, comme l’ont montré les fuites sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre dernier, là encore attribuées à des actes de sabotage.
Pour les pays européens, l’enjeu est donc de taille. Il s’agit de renforcer la résilience et la sécurité de ces infrastructures critiques, essentielles au fonctionnement de leurs économies et de leurs sociétés. Cela passe par une coopération accrue, un partage d’informations et des investissements conséquents, à la hauteur des menaces hybrides qui se multiplient.
Dans ce contexte, la décision de l’Otan de muscler sa présence en mer Baltique est un signal fort. Elle témoigne de la détermination des alliés à faire face, ensemble, à ces nouveaux défis sécuritaires. Car dans cette « guerre hybride » qui ne dit pas son nom, la réponse doit être, elle aussi, multiforme et coordonnée. La sécurité de l’Europe se joue aussi sous les mers.