Les menaces hybrides en mer Baltique sont au cœur des préoccupations des pays riverains membres de l’OTAN. Après des sabotages présumés de plusieurs câbles sous-marins ces derniers mois, attribués à la Russie par de nombreux dirigeants et experts, l’heure est à la riposte. Une réunion de haut niveau se tient ce mardi en Finlande pour discuter des moyens de renforcer la sécurité dans cet espace maritime stratégique.
Une nouvelle mission de patrouille pour surveiller les activités suspectes
Selon des sources proches du dossier, une mission de patrouille chapeautée par l’Alliance atlantique devrait être annoncée à l’issue du sommet. L’objectif : surveiller les activités « sous, au-dessus et à la surface de la mer », pour détecter toute action malveillante. L’OTAN a déjà déployé deux navires afin de protéger les infrastructures sous-marines et de garder un œil sur la « flotte fantôme » russe, soupçonnée de contourner les sanctions occidentales en transportant du pétrole.
La Suède, candidate à l’adhésion à l’OTAN, met aussi la main à la pâte en fournissant jusqu’à trois navires de guerre et un avion de patrouille maritime. Le message est clair : face aux actes de « guerre hybride » présumés, orchestrés par Moscou, les pays de la région entendent muscler leur réponse.
Une « résilience » à renforcer face aux actions hostiles
Pour Mark Rutte, le chef de l’OTAN, pas question de laisser ces provocations sans réaction. Devant le Parlement européen lundi, il a martelé la nécessité d’être « plus résilients face à de telles actions hostiles » et de « clairement montrer qu’elles ne resteront pas sans réponse ». Les discussions du sommet se concentreront donc sur le renforcement de la présence otanienne en mer Baltique.
« Les incidents des derniers mois liés à la flotte fantôme russe et au sabotage ont poussé l’OTAN à développer sa connaissance de la situation maritime en mer Baltique. »
Iro Särkkä, chercheuse à l’Institut finlandais des affaires internationales
L’enjeu est aussi d’envoyer un signal stratégique clair, comme le souligne la chercheuse Iro Särkkä : l’Alliance se tient prête à réagir en cas de nouvelle provocation. Une autre force navale, la JEF, dirigée par le Royaume-Uni, a aussi annoncé un renforcement de sa surveillance des infrastructures sous-marines dans la région.
Une série de mystérieux « sabotages » de câbles sous-marins
Depuis octobre dernier, pas moins de cinq câbles, dont un d’alimentation électrique reliant l’Estonie à la Finlande, ont été endommagés au fond de la mer Baltique. Si les enquêtes sont toujours en cours, les soupçons se portent sur un pétrolier battant pavillon des îles Cook, l’Eagle S, qui ferait partie de la fameuse « flotte fantôme » de la Russie.
Actuellement immobilisé dans un port finlandais, le navire et une partie de son équipage sont dans le collimateur de la police locale. Des « choses étranges » qui continuent de se produire en mer Baltique, comme l’a souligné le Premier ministre suédois dimanche, évoquant des attaques hybrides menées avec « des ordinateurs, de l’argent, de la désinformation et des menaces de sabotage ».
Un test grandeur nature pour la coopération régionale
Face à cette nouvelle forme de menace, encore difficile à détecter et à attribuer formellement, la cooperation régionale sera cruciale. Ce sommet en Finlande constitue un premier test pour jauger de la détermination et de la cohésion des pays riverains de la Baltique. Leur capacité à mettre en place une réponse coordonnée et efficace sera scrutée de près, à Moscou comme dans les capitales occidentales.
Car au-delà de la sécurité des infrastructures critiques sous-marines, c’est bien la stabilité de toute une région stratégique qui est en jeu. Entre le soutien à l’Ukraine, les ambitions de la Suède et de la Finlande de rejoindre l’OTAN, et les tensions croissantes avec la Russie, la mer Baltique se retrouve plus que jamais au cœur des enjeux géopolitiques européens. Les décisions qui seront prises lors de ce sommet pourraient donc avoir des répercussions majeures pour l’avenir.