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L’Otan renforce sa présence au Kosovo avant les élections

La Kfor, force de paix de l'Otan au Kosovo, a déployé un renfort de 200 soldats alors que l'approche des élections législatives fait monter les tensions avec la Serbie. Le Kosovo se prépare à un scrutin sous haute surveillance...

À moins de trois semaines des élections législatives au Kosovo, la force de maintien de la paix dirigée par l’Otan dans le pays, la Kfor, a annoncé le déploiement d’un renfort de plus de 200 soldats. Cette décision intervient alors que la perspective du scrutin du 9 février prochain fait monter la tension dans cette ancienne province serbe dont Belgrade n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008.

Selon le communiqué de la Kfor, il s’agit de « plus de 200 soldats de la brigade d’infanterie mécanisée italienne Sassari » qui resteront sur place « au cours des prochains mois ». Des membres de cette unité seront déployés sur le terrain « en réponse à toute évolution pertinente de la situation en matière de sécurité, y compris pendant la période électorale ». Ces troupes s’ajoutent aux quelque 4 500 hommes d’une trentaine de pays déjà présents au Kosovo sous commandement otanien depuis la fin de la guerre en 1999.

Fermeture d’institutions serbes par Pristina

Ce renforcement militaire intervient dans un contexte déjà tendu. Le gouvernement kosovar a en effet provoqué de vives réactions côté serbe en ordonnant mercredi la fermeture de dizaines d’institutions serbes dans une dizaine de localités kosovares, dont des administrations municipales « parallèles » opérant hors du contrôle de Pristina. La Serbie a dénoncé une « escalade dangereuse » de la part des autorités kosovares.

Cette opération s’inscrit dans la volonté affichée par le Premier ministre kosovar Albin Kurti de démanteler ce que Pristina considère comme des « institutions parallèles » opérant « illégalement » dans les zones à majorité serbe du Kosovo. Une politique qu’il a accélérée depuis le début 2024 et qui suscite l’inquiétude des observateurs quant aux risques de déstabilisation.

La Kfor, garante de la sécurité depuis 1999

Pour mémoire, la mission de l’Otan au Kosovo, la Kfor, avait été lancée au lendemain de la guerre entre les indépendantistes kosovars albanais et les forces serbes (1998-1999). Son mandat est de maintenir la sécurité et de garantir la liberté de mouvement dans le territoire. Elle reste le dernier rempart face aux risques persistants de conflit entre le Kosovo et la Serbie.

Le renforcement annoncé ce samedi par l’Otan apparaît donc comme une mesure préventive face à un risque réel de déstabilisation dans les prochaines semaines. Le scrutin du 9 février sera scruté avec la plus grande attention, tant il cristallise les tensions entre Pristina et Belgrade. Malgré les efforts de dialogue sous l’égide de l’Union européenne ces dernières années, un règlement politique durable entre Serbes et Albanais du Kosovo semble encore lointain, comme en témoigne ce nouveau bras de fer.

Une campagne électorale sous haute surveillance

Dans ce climat, la campagne électorale qui vient de débuter au Kosovo se déroulera sous la surveillance étroite de la communauté internationale. Les principaux partis albanais rivalisent de fermeté vis-à-vis de Belgrade et des Serbes du Kosovo, limitant les perspectives d’apaisement à court terme. Côté serbe, le scrutin est largement boycotté, signe supplémentaire du fossé persistant entre les deux communautés.

Au-delà des enjeux de sécurité immédiats, ces élections mettront à l’épreuve la solidité des institutions kosovares et la maturité de sa classe politique, 15 ans après la proclamation d’indépendance. Elles seront aussi un test pour la diplomatie européenne qui s’efforce de stabiliser durablement les Balkans occidentaux, une région qui reste une poudrière aux portes de l’UE.

Dans ce contexte, le renfort de la Kfor décidé par l’Otan apparaît autant comme un signal de fermeté que comme une précaution indispensable. Il témoigne de la fragilité de la paix au Kosovo et de la nécessité d’une vigilance continue de la part de la communauté internationale. Car si beaucoup a été fait depuis la guerre, force est de constater que la normalisation des relations entre le Kosovo et la Serbie, clé de la stabilité régionale, reste un objectif encore lointain.

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