L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis suscite de vives inquiétudes parmi les alliés européens de l’OTAN quant à l’avenir de l’Alliance et le soutien à l’Ukraine face à la Russie. Malgré les propos rassurants des responsables, le retour de l’imprévisible milliardaire à la Maison Blanche fait planer le doute.
Des menaces qui inquiètent les Européens
Selon des sources proches de l’OTAN, les récentes déclarations de Donald Trump résonnent encore dans les mémoires. Pendant son premier mandat, il avait soufflé le chaud et le froid sur l’engagement américain en Europe, menaçant les alliés de se “débrouiller seuls” face à la menace russe s’ils ne payaient pas davantage pour leur défense.
Au-delà d’un possible désengagement des États-Unis sur le Vieux Continent, c’est surtout un ralentissement, voire un arrêt, du soutien militaire à l’Ukraine qui est redouté. Le nouveau président américain a en effet critiqué à plusieurs reprises les milliards dépensés pour aider Kiev, promettant de mettre fin au conflit en 24 heures.
Deux scénarios envisagés
Camille Grand, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), résume deux théories quant à l’impact d’une présidence Trump sur l’OTAN et l’Ukraine :
- Un scénario “désagréable mais pas catastrophique“, dans la lignée du premier mandat.
- Un scénario plus sombre avec un entourage trumpiste partageant ses doutes sur les alliances et l’Ukraine, dans un contexte de guerre en Europe cette fois-ci.
Si Trump entame des négociations avec la Russie, ce sera du marchandage, qui ne sera pas basé sur des valeurs et des principes, et cela pourrait conduire à un résultat catastrophique pour l’Ukraine et pour l’Europe.
Un ex-responsable de l’OTAN
L’Europe face à ses responsabilités
Face à la perspective d’un repli américain, des voix s’élèvent en Europe pour appeler à l’unité et à un sursaut stratégique des alliés. Le ministre français aux Affaires européennes, Benjamin Haddad, a ainsi martelé : “La réponse est chez nous“.
Certains y voient même une opportunité pour l’Europe de prendre enfin ses responsabilités en matière de défense. Un diplomate européen à Bruxelles s’interroge : “Pourquoi être effrayé par Trump maintenant ? Ça va être difficile, mais au moins il va insuffler de l’énergie au sein de l’Alliance“.
Des progrès mais des défis persistent
L’OTAN met en avant les efforts budgétaires consentis par les Européens ces dernières années, avec désormais 23 des 32 pays membres consacrant au moins 2% de leur PIB aux dépenses militaires, contre une poignée il y a dix ans. L’Alliance a également repris la coordination de l’aide militaire à l’Ukraine.
Mais pour Camille Grand, si les Européens sont “plus sérieux” sur ce point, ils ne sont toujours pas “prêts à prendre en charge l’essentiel de la sécurité de l’Europe et du soutien à l’Ukraine”. La dépendance au leadership et aux moyens américains reste forte.
Alors que Donald Trump s’apprête à retrouver le Bureau ovale, l’avenir de l’engagement américain en Europe et du soutien à l’Ukraine face à la Russie est plus incertain que jamais. L’imprévisibilité légendaire du dirigeant populiste met l’Alliance atlantique au défi de préserver son unité et son efficacité dans un contexte géopolitique critique.