Imaginez des centaines de soldats déployés en quelques heures, des parachutistes arrivant en urgence depuis la France, le grondement des chars et le vrombissement des avions de chasse. Bienvenue en Estonie, théâtre d’un vaste exercice militaire de l’Otan destiné à montrer ses muscles face à la Russie voisine. Une démonstration de force qui se joue à seulement une vingtaine de kilomètres de la frontière russe.
L’Otan teste ses capacités de réaction rapide
Baptisé « Pikne », cet exercice impliquant quelque 1 800 militaires, dont 700 Français, a pour but de tester la rapidité de réaction des forces de l’Alliance atlantique. Le scénario ? Résister à un assaut fictif et « acheter du temps » pour permettre la mobilisation des réservistes estoniens et l’arrivée des renforts de l’Otan.
D’après une source militaire, il s’agit ni plus ni moins d’une « version non classifiée » des véritables plans de guerre de l’Estonie et de ses alliés. Une manière de dire à la Russie : « Nous sommes parés ».
Des moyens considérables engagés
Les moyens déployés lors de cet exercice sont à la hauteur des enjeux. En 24 heures seulement, 200 parachutistes français ont ainsi pu rallier l’Estonie pour aller directement au front, appuyés par des blindés britanniques et français. Sur mer, des navires patrouillent pour prévenir toute attaque amphibie tandis que dans les airs, des avions de chasse néerlandais et français veillent.
C’est une démonstration de notre volonté et de notre capacité à agir immédiatement face à une menace.
Général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre française
30 000 réservistes, clé de voûte de la défense estonienne
Pour l’Estonie, petit pays de 1,3 million d’habitants, ces exercices sont cruciaux. Outre les 7 000 militaires d’active, le pays compte en effet sur ses quelque 30 000 réservistes pour assurer sa défense. Un atout que le général estonien Indrek Sirel a pu tester grandeur nature en les mobilisant sans préavis.
Un message clair adressé à Moscou
Au-delà de l’entraînement des troupes, ces manœuvres ont une visée éminemment stratégique et politique : dissuader la Russie de Vladimir Poutine, prompt à multiplier les démonstrations de force et les messages d’intimidation, de toute action hostile envers les pays de l’Otan.
Le message adressé aux Russes, ils l’ont vu. C’est donc déjà un grand succès.
Général Pierre Schill
Car si l’Otan n’est pas en guerre, les troupes déployées en Estonie sont bel et bien confrontées à une situation réelle, comme le rappelle le général Schill : « Ici, vous êtes brouillés, ici vous êtes sur le terrain sur lequel vous seriez engagés ». Un adversaire qui restera aux portes de l’Alliance « pendant les dix prochaines années » selon lui.
Face à cette menace, l’Otan entend bien continuer à muscler son dispositif dans la région, pour garantir la sécurité de ses membres orientaux et prévenir toute tentative d’incursion. Une vigilance de tous les instants, au plus près de la frontière russe.