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L’or malien sous pression : le bras de fer entre la junte et Barrick Gold

Vives tensions entre la junte malienne et les compagnies minières étrangères. Barrick Gold, géant aurifère canadien, est pris pour cible. La souveraineté nationale sur les ressources en jeu. Jusqu'où ira ce bras de fer ?

Les ressources aurifères du Mali sont au cœur d’un bras de fer tendu entre la junte militaire au pouvoir et les compagnies minières étrangères. Barrick Gold, géant canadien de l’or, est particulièrement pris pour cible par les autorités maliennes qui brandissent l’étendard de la souveraineté nationale sur les richesses du pays. Jusqu’où ira cette confrontation aux enjeux économiques et politiques majeurs ?

Une junte déterminée à renégocier les contrats miniers

Depuis leur prise de pouvoir par la force en 2020, les militaires à la tête du Mali ont fait de la réappropriation des ressources naturelles un cheval de bataille. Ils entendent renégocier les conditions d’exploitation des mines, notamment aurifères, pour un partage plus équitable des bénéfices en faveur des Maliens.

Barrick Gold, qui opère le vaste complexe de Loulo-Gounkoto près de la frontière sénégalaise, est dans le viseur. Ses dirigeants font état de fortes pressions de la part des autorités.

Des tensions croissantes

Après l’arrestation en septembre de quatre employés de Barrick Gold, un accord semblait avoir été trouvé. Mais les ministères maliens des Mines et de l’Économie accusent aujourd’hui la compagnie de manquer à ses engagements. Ils évoquent des infractions liées aux volets social, environnemental et financier.

Le gouvernement brandit la menace de “tirer toutes les conséquences” des agissements de Barrick Gold, faisant planer le spectre d’une remise en cause de ses permis d’exploitation. Un permis clé pour le groupe expire début 2026.

Des risques sérieux pèsent sur la continuité de l’exploitation du groupe Barrick Gold au Mali.

Communiqué des ministères maliens des Mines et de l’Économie

Une vague de nationalisations

Au-delà du cas Barrick, les autorités maliennes ont engagé un vaste mouvement de nationalisation des actifs miniers détenus par des compagnies étrangères :

  • Finalisation du transfert de la mine d’or de Yatela des sud-africains AngloGold Ashanti et des canadiens IamGold à l’État malien.
  • Cession par l’australien Firefinch de ses parts dans la mine de Morila à la société publique Sorem.

L’objectif affiché est clair : faire en sorte que “l’or brille davantage pour tous les Maliens“, selon les mots du gouvernement.

Un bras de fer perdant-perdant ?

Si la volonté de mieux faire profiter le peuple malien des retombées minières est légitime, la stratégie de confrontation avec les compagnies étrangères n’est pas sans risque pour le pays, troisième producteur d’or du continent :

  • Mise en péril des investissements et projets en cours.
  • Fuite des capitaux et compétences minières.
  • Difficultés techniques et financières pour l’État d’exploiter seul certains gisements.
  • Impact potentiel sur les emplois et l’activité économique induite.

Sans dialogue constructif, ce bras de fer entre junte et compagnies minières pourrait se révéler perdant-perdant. Un jeu dangereux pour l’avenir du secteur aurifère malien et les finances publiques du pays.

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