Alors que le Venezuela se prépare à voir le président Nicolas Maduro prêter serment pour un troisième mandat en janvier prochain, l’opposition ne compte pas rester les bras croisés. Ses principales figures, Maria Corina Machado et Edmundo Gonzalez Urrutia, viennent en effet d’appeler la population à se mobiliser massivement pour contester ce qu’ils considèrent comme une « victoire frauduleuse » du chef de l’État.
« Le moment approche de nous retrouver à nouveau dans les rues du Venezuela pour revendiquer la victoire », a ainsi déclaré Mme Machado dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Entrée dans la clandestinité face à la répression, la cheffe de file de l’opposition assure que c’est en réalité Edmundo Gonzalez Urrutia qui a remporté la présidentielle de juillet dernier avec plus de 67% des voix. Une version des faits reconnue par Washington, qui ne reconnaît pas la réélection de Maduro, mais fermement démentie par Caracas.
Un scrutin sous haute tension
Il faut dire que l’élection présidentielle vénézuélienne s’est déroulée dans un climat particulièrement tendu. Outre les États-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays d’Amérique latine ont en effet refusé de considérer le scrutin comme légitime, dénonçant notamment un manque de transparence et des irrégularités. Des accusations balayées par le pouvoir en place, qui crie au complot de l’opposition et de l’impérialisme américain pour déstabiliser le pays.
Pourtant, force est de constater que la proclamation de la victoire de Nicolas Maduro a déclenché une vague de protestations sans précédent. Durant plusieurs jours, des dizaines de milliers de Vénézuéliens sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère, avant d’être sévèrement réprimés par les forces de l’ordre. Bilan : au moins 28 morts, près de 200 blessés et plus de 2400 arrestations, selon les ONG. Des chiffres qui témoignent de la violence de la contestation, mais aussi de la détermination du régime à se maintenir coûte que coûte.
L’opposition face à un défi de taille
Pour Maria Corina Machado et ses alliés, l’heure est donc venue de reprendre l’initiative. Mais la partie s’annonce ardue pour une opposition affaiblie et divisée, qui peine à mobiliser au-delà de ses bastions traditionnels. D’autant que le pouvoir dispose toujours de solides soutiens, notamment au sein de l’armée et des classes populaires, et n’hésite pas à recourir à la force pour mater toute velléité de rébellion.
Préparons-nous, nous vous verrons dans les rues en janvier.
Maria Corina Machado, cheffe de file de l’opposition vénézuélienne
Malgré ces obstacles, les leaders anti-Maduro se veulent confiants et appellent à une mobilisation pacifique mais déterminée. « Prenons ensemble l’engagement que mon mandat débutera en 2025 », a ainsi lancé Edmundo Gonzalez Urrutia depuis son exil espagnol, comme pour mieux souligner sa légitimité. Reste à savoir si cet appel sera suffisamment entendu pour faire vaciller le régime en place.
Washington met la pression
En attendant, la communauté internationale semble en tout cas déterminée à maintenir la pression sur Caracas. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a ainsi récemment « réaffirmé l’engagement des États-Unis à soutenir la volonté du peuple vénézuélien », en appelant à « la libération de tous les prisonniers politiques injustement détenus » et au « rétablissement pacifique de la démocratie ». Des propos jugés « peu surprenants de la part d’un fonctionnaire d’un gouvernement sortant qui a profondément échoué » par le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Yvan Gil, en référence à la défaite des démocrates face à Trump lors de la présidentielle américaine.
Mais au-delà de cette passe d’armes verbale, une chose est sûre : tous les regards seront tournés vers le Venezuela en ce mois de janvier crucial. Entre une opposition qui joue son va-tout et un pouvoir qui s’arc-boute, le bras de fer promet d’être intense. Et nul ne peut prédire jusqu’où ira la contestation, ni quelles en seront les conséquences pour ce pays meurtri par des années de crise politique, économique et sociale. Une nouvelle page de l’histoire vénézuélienne est sur le point de s’écrire.