Ce dimanche, le cœur battant de l’opposition russe se déplacera le temps d’une manifestation dans les rues de Berlin. Exilés, affaiblis mais déterminés, des figures de proue anti-Poutine comme Ioulia Navalnaïa, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza veulent faire de ce rassemblement le point de départ d’une renaissance, malgré un mouvement miné par la répression et les conflits internes.
Berlin, nouvelle capitale de l’opposition russe
Privée de moyens d’action en Russie, c’est depuis l’étranger et en particulier Berlin, devenue leur base arrière informelle, que l’opposition russe tente de se réinventer. La marche de dimanche, co-organisée par Navalnaïa, Iachine et Kara-Mourza, doit rassembler la diaspora des dizaines de milliers d’exilés russes ayant fui leur pays depuis 2022.
L’objectif affiché est ambitieux : montrer qu’il « existe une Russie antimilitariste et libre » selon les mots de Ioulia Navalnaïa, qui a repris le flambeau de son défunt mari Alexeï Navalny. Pour autant, l’épouse de l’opposant emprisonné admet ne pas avoir de « plan » pour mettre fin au règne de Vladimir Poutine, illustrant la difficulté de la tâche.
Une opposition décimée mais combative
Le mouvement contestataire russe paye un lourd tribut à son combat. Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza ont passé de longs mois derrière les barreaux pour leur dénonciation de l’invasion de l’Ukraine avant d’être libérés en août dans un échange de prisonniers. Malgré cela, les opposants gardent espoir et comptent transformer l’essai de la manifestation berlinoise en une « initiative anti-guerre et anti-Poutine » durable.
« Il est très important de montrer que nous pouvons travailler ensemble et consolider les diverses forces du mouvement anti-guerre russe »
– Vladimir Kara-Mourza, sur la chaîne d’opposition Dojd
Surmonter les divisions pour éviter l’impasse
Car les querelles internes fragilisent une opposition déjà exsangue. Entre scandales comme l’agression au marteau d’un proche de Navalny et polémiques sur le soutien à apporter à l’Ukraine, trouver un message rassembleur et une ligne claire relève du funambulisme. Un équilibre pourtant vital pour éviter de se couper des Russes restés au pays.
L’ampleur de la mobilisation dimanche à Berlin sera scrutée. Pour le politologue russe Abbas Galliamov, deux critères détermineront le succès du rassemblement : la crédibilité du message et le nombre de participants. Un test grandeur nature pour mesurer les chances de survie d’une opposition russe libre. Et pour laquelle l’exil semble être devenu le seul horizon possible.