La récente opposition de la mairie de Nantes à l’installation d’un restaurant KFC en plein cœur de la ville a fait couler beaucoup d’encre. Cette décision, qui intervient alors que le géant américain de la restauration rapide semblait sur le point d’ouvrir un nouvel établissement place du Commerce, soulève de nombreuses questions sur la place du fast food dans nos centres-villes et sur les relations entre collectivités et grandes enseignes.
La mairie dénonce un manque de transparence
Pour Gildas Salaün, adjoint au maire délégué aux commerces, l’arrivée de ce KFC s’est faite dans l’opacité la plus totale. Il pointe du doigt “une volonté manifeste de dissimulation” de la part de la chaîne de restauration rapide, qui aurait cherché à cacher son projet à la municipalité.
“Si le porteur nous avait sollicités, je pense que nous aurions signifié que l’offre en la matière est déjà conséquente, et conseillé de trouver un autre secteur.”
– Gildas Salaün, adjoint au maire de Nantes délégué aux commerces
En effet, le centre-ville de Nantes regorge déjà d’enseignes de restauration rapide, avec notamment un McDonald’s et un Popeyes à proximité immédiate du futur KFC. Pour la mairie, il n’est pas question de laisser les fast foods envahir l’hypercentre sans concertation préalable.
Un droit de regard limité pour les communes
Pourtant, en dépit de son opposition de principe, la mairie de Nantes dispose de peu de leviers pour empêcher l’installation de ce KFC. Comme le rappelle Gildas Salaün, si un projet commercial ne semble pas cohérent avec le territoire, la ville peut théoriquement faire valoir son droit de préemption. Mais dans les faits, ce dernier est rarement utilisé pour barrer la route à une enseigne spécifique.
Les relations entre commerces et collectivités sont souvent complexes, particulièrement lorsqu’il s’agit de grandes chaînes internationales. Les municipalités cherchent à préserver l’équilibre et la diversité de leur tissu commercial, mais ont parfois du mal à peser face aux stratégies d’implantation des géants de la consommation.
La place du fast food en question
Au-delà du cas nantais, cette polémique illustre le débat récurrent sur la place de la restauration rapide dans nos villes. Si leur succès commercial ne se dément pas, les fast foods sont régulièrement pointés du doigt pour leur impact sur la santé et l’environnement.
Certaines municipalités tentent de limiter leur prolifération, à l’image de la mairie de Paris qui a interdit l’ouverture de nouvelles enseignes de restauration rapide dans certains quartiers. D’autres au contraire y voient une opportunité économique et un moyen de dynamiser des zones en perte de vitesse.
Un sujet qui divise l’opinion
Sur les réseaux sociaux, l’annonce de l’opposition de la mairie nantaise à ce KFC a suscité des réactions contrastées. Si certains saluent la volonté de la municipalité de préserver la diversité commerciale du centre-ville, d’autres y voient une forme de mépris élitiste envers la restauration rapide et ses consommateurs.
“Laissez les gens manger ce qu’ils veulent !” s’insurge un internaute sur Twitter. “C’est bien beau de critiquer les fast foods, mais tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir un repas gastronomique tous les midis”, renchérit un autre.
À l’inverse, les partisans d’une alimentation saine et responsable applaudissent la décision de la mairie. “Bravo pour ce courage politique, il faut lutter contre la malbouffe et ses ravages sur la santé publique” commente une Nantaise sur Facebook.
KFC fait profil bas
Face à cette levée de boucliers, KFC a préféré jouer la carte de l’apaisement. Contactée par la presse, l’enseigne a indiqué ne pas souhaiter commenter la situation et vouloir d’abord s’entretenir avec la municipalité avant de communiquer publiquement sur le sujet.
Il faut dire que le géant américain n’en est pas à sa première controverse. Régulièrement épinglé pour les conditions d’élevage de ses poulets ou la précarité de ses employés, KFC a tout intérêt à ne pas se mettre à dos les élus locaux s’il veut poursuivre son développement dans l’Hexagone.
Quelle issue pour ce bras de fer ?
Difficile pour l’heure de prédire l’issue de ce bras de fer entre la mairie de Nantes et KFC. Si la municipalité semble déterminée à faire barrage à l’enseigne, cette dernière dispose de solides arguments juridiques et financiers pour défendre son projet.
Au final, c’est peut-être du côté de l’opinion publique que se jouera la partie. Si les Nantais se mobilisent massivement contre l’arrivée de ce énième fast food, KFC pourrait être contraint de revoir ses plans. À l’inverse, si les amateurs de poulet frit se font entendre, la mairie devra sans doute mettre de l’eau dans son cola…
Un débat qui n’est pas près de s’éteindre
Une chose est sûre : la polémique autour de ce KFC nantais illustre une nouvelle fois la complexité des enjeux liés à l’implantation des enseignes de restauration rapide. Entre liberté du commerce, santé publique, dynamisme économique et identité urbaine, les intérêts en présence sont souvent contradictoires.
Et dans ce débat, chacun y va de son petit commentaire. Les végans crient au scandale, les sociologues y voient un marqueur social, les militants anti-malbouffe un cheval de bataille. Sur les plateaux télé, les éditorialistes refont le match en se demandant si la mairie de gauche nantaise n’est pas en train de jouer au bonneteau idéologique…
Pendant ce temps, les Nantais continuent de grignoter leurs burgers et leurs frites, dans l’attente fébrile de savoir qui du Colonel Sanders ou du maire Johanna Rolland remportera ce duel au sommet. Sans doute avec une petite sauce piquante pour pimenter le tout. Comme quoi, le poulet, ça peut vite devenir politique…
