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L’opposition de Janet Yellen à l’isolationnisme de Trump

Janet Yellen, Secrétaire US au Trésor, s'oppose fermement à l'approche isolationniste prônée par Trump. Le FMI alerte sur les conséquences des hausses de droits de douane pour l'économie mondiale. Découvrez les enjeux de ce débat crucial à deux semaines des élections...

Alors que les États-Unis s’apprêtent à retourner aux urnes dans deux semaines, le débat sur la politique économique et commerciale du pays fait rage. Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor, est montée au créneau mardi pour dénoncer avec force la période d’« isolationnisme » promue par l’ancien président Donald Trump. Une prise de position tranchée qui intervient alors même que le Fonds monétaire international (FMI) tire la sonnette d’alarme sur l’impact négatif des hausses de droits de douane.

Yellen fustige l’approche « malavisée » de Trump

Lors d’une conférence de presse, Janet Yellen n’a pas mâché ses mots pour critiquer la ligne protectionniste défendue par Donald Trump, probable candidat républicain à la prochaine élection présidentielle. « Dès le premier jour, nous [l’administration Biden] avons rejeté l’isolationnisme qui aggravait la situation de l’Amérique et du monde », a-t-elle martelé. La démocrate a souligné la volonté de l’administration actuelle de jouer « un rôle de premier plan dans l’économie mondiale », en soutenant les économies et en apportant des « avantages significatifs » aux États-Unis.

Une philosophie aux antipodes de celle de Donald Trump. L’ancien locataire de la Maison Blanche, qui rêve d’y effectuer son retour en 2024, a en effet promis de drastiquement réduire les aides internationales et de relever massivement les droits de douane s’il était réélu :

  • Hausse généralisée des droits de douane de 10 à 20% selon les produits
  • Taxes de 60% sur les importations chinoises
  • Jusqu’à 200% de droits de douane sur les véhicules importés du Mexique

Janet Yellen n’a pas manqué de tacler cette « approche malavisée », qui aurait selon elle « un impact très négatif sur les États-Unis, sur les Américains qui travaillent dans les industries d’exportation, et sur les consommateurs ». La secrétaire au Trésor avait déjà tiré la sonnette d’alarme la semaine passée contre « un vieux schéma » et « les appels à isoler l’Amérique avec des tarifs douaniers élevés appliqués aux pays amis et concurrents ».

Le FMI alerte sur l’impact d’une guerre commerciale

Les mises en garde de Janet Yellen font écho à celles du FMI. Dans son dernier rapport sur les perspectives de l’économie mondiale publié mardi, l’institution de Washington pointe du doigt les risques d’un regain de protectionnisme pour la croissance. Selon ses projections, une hausse généralisée des droits de douane entre les grandes puissances économiques pourrait amputer le PIB mondial de près de 1% d’ici 2025. Même les États-Unis n’y échapperaient pas, avec une baisse de 0,4% de leur PIB en 2025 et de 0,6% en 2026 par rapport au scénario de base.

Des chiffres qui donnent le vertige quand on sait l’importance du commerce international pour l’économie américaine. Pourtant, Donald Trump semble faire la sourde oreille, persuadé que des droits de douane « si élevés, si terribles, si odieux » pousseront les entreprises étrangères à venir s’installer « tout de suite » sur le sol américain.

Les appels à isoler l’Amérique avec des tarifs douaniers élevés appliqués aux pays amis et concurrents (…) sont profondément erronés.

Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor

L’ombre de la guerre commerciale sino-américaine

Le souvenir de la guerre commerciale lancée par Trump contre la Chine est encore dans toutes les mémoires. À coups de droits de douane et de mesures de rétorsion, les deux premières économies mondiales s’étaient livrées une lutte sans merci, faisant trembler les marchés. Une escalade protectionniste dont les stigmates restent visibles, malgré la trêve signée en janvier 2020.

Un retour en arrière semble difficilement envisageable pour Janet Yellen. Jeudi dernier, elle avait déjà prévenu contre « les appels à isoler l’Amérique » qui sont selon elle « profondément erronés ». La démocrate avait aussi agité le chiffon rouge d’un risque de rebond de l’inflation en cas de nouvelle flambée des tarifs douaniers.

Biden entend rester dans le jeu mondial

À l’inverse, l’administration Biden a fait le pari de la coopération internationale et du multilatéralisme. Depuis son arrivée au pouvoir, le démocrate s’est employé à renouer les liens distendus avec les alliés traditionnels des États-Unis, en Europe et en Asie. Washington a aussi réintégré plusieurs accords et instances multilatérales délaissés sous l’ère Trump, de l’accord de Paris sur le climat à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Si la fermeté reste de mise face à Pékin, la Maison Blanche privilégie désormais une approche concertée avec ses partenaires. Une stratégie résolument à rebours de celle prônée par Donald Trump, chantre de l’unilatéralisme et de l’Amérique d’abord. Un virage à 180 degrés sur lequel les Américains auront à se prononcer dans les urnes le 5 novembre.

L’opposition frontale entre la vision libre-échangiste de Janet Yellen et la tentation protectionniste incarnée par Donald Trump illustre les profondes lignes de fracture qui traversent la société américaine. Alors que le pays se prépare à une nouvelle échéance électorale cruciale, l’avenir de la première puissance économique mondiale apparaît plus que jamais suspendu aux choix qui seront faits en matière de politique commerciale. Un débat décisif dont l’issue sera scrutée bien au-delà des frontières américaines.

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