Au cœur d’un Soudan ravagé par la guerre depuis avril 2023, une lueur d’espoir vient de s’allumer. Les autorités soudanaises ont en effet autorisé l’ONU à continuer d’acheminer l’aide humanitaire par le point de passage frontalier d’Adre, entre le Tchad et le Darfour, pendant trois mois supplémentaires. Une décision saluée par Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.
Un conflit meurtrier qui plonge le pays dans une crise humanitaire sans précédent
Depuis le mois d’avril, le Soudan est le théâtre d’affrontements sanglants entre l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2021, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. Ce conflit, qui connaît ces dernières semaines une recrudescence de violence, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 11 millions de personnes, dont 3,1 millions hors du pays.
Face à cette situation dramatique, environ 26 millions de Soudanais sont aujourd’hui confrontés à une insécurité alimentaire sévère. La famine a même été déclarée dans le camp de Zamzam au Darfour, dans l’ouest du pays.
Le point de passage d’Adre, un “point vital” pour l’acheminement de l’aide
C’est dans ce contexte que les autorités soudanaises avaient autorisé mi-août la réouverture pour trois mois du point de passage d’Adre, un délai qui arrivait à échéance dans quelques jours. Si les FSR contrôlent la majeure partie du Darfour, l’ONU ne peut opérer sans l’aval des autorités officielles du pays. L’organisation insistait donc ces derniers jours sur la nécessité de renouveler cette autorisation.
Avec la menace de la famine, ce point de passage est vital pour de nombreux Soudanais qui ont un besoin désespéré de nourriture, d’eau et de médicaments.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS
Un soulagement pour l’ONU, mais des défis immenses à relever
Si l’ONU se félicite de cette prolongation, elle rappelle toutefois que le point de passage d’Adre ne suffira pas à lui seul pour répondre aux besoins humanitaires colossaux. Selon Stéphane Dujarric, il est plus important que jamais que toutes les routes nécessaires, transfrontalières et à travers les lignes de front au Soudan, soient disponibles pour acheminer l’aide.
De son côté, l’ambassadeur soudanais à l’ONU Al-Harith Idriss al-Harith Mohamed a accusé mardi devant le Conseil de sécurité les FSR d’utiliser Adre pour faire passer des armes et des munitions, illustrant les tensions persistantes autour de l’aide humanitaire dans ce pays à feu et à sang.
Un espoir fragile pour des millions de Soudanais dans le besoin
Malgré ces difficultés, la prolongation de l’ouverture du point de passage d’Adre représente une bouffée d’oxygène pour les organisations humanitaires et les millions de Soudanais qui dépendent de leur assistance. Dans un pays ravagé par la guerre, la famine et les déplacements massifs de population, chaque convoi d’aide qui passe la frontière est un espoir de survie pour des familles entières.
Reste à savoir si cette autorisation sera suffisante face à l’ampleur des besoins, et si les belligérants permettront réellement aux secours d’atteindre les populations les plus vulnérables. Car au-delà des déclarations et des décisions politiques, c’est sur le terrain que se joue le sort de tout un peuple pris en étau dans un conflit qui le dépasse.