Le Conseil de sécurité des Nations unies a donné son feu vert ce vendredi à la nouvelle force de l’Union africaine en Somalie, baptisée AUSSOM (Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine). Cette décision marque un tournant dans la lutte contre le groupe terroriste des shebabs, affilié à Al-Qaïda, qui sévit dans le pays depuis plus de 15 ans.
L’AUSSOM, une force de 11 000 hommes pour prendre le relais de l’ATMIS
Selon des sources proches du dossier, l’AUSSOM comptera environ 11 000 soldats, déployés dans le cadre d’accords bilatéraux conclus en novembre avec les pays contributeurs. Elle prendra ainsi le relais de la Mission africaine de transition en Somalie (ATMIS), dont le mandat s’achève le 31 décembre 2023, et qui pouvait compter jusqu’à 12 000 hommes.
Le représentant somalien a salué cette transition, soulignant l’importance d’une force robuste pour faire face à la menace persistante des shebabs. Ces insurgés islamistes radicaux combattent depuis plus de 15 ans le gouvernement fédéral somalien, dans le but d’instaurer la loi islamique dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde.
L’Egypte participera, pas l’Ethiopie ni le Burundi
Si l’Egypte a d’ores et déjà annoncé sa participation à l’AUSSOM, l’Ethiopie en sera absente. Les relations entre Mogadiscio et Addis-Abeba se sont en effet tendues depuis la signature en janvier d’un accord maritime entre l’Ethiopie et le Somaliland, région séparatiste de Somalie. Un accord récent a toutefois été trouvé pour apaiser ces tensions.
Le Burundi, autre contributeur historique, ne fera pas non plus partie de cette nouvelle force, a confié une source militaire burundaise sous couvert d’anonymat.
Question du financement de la mission
La résolution adoptée par le Conseil de sécurité prévoit la possibilité d’un financement de l’AUSSOM par l’ONU, à hauteur de 75%, via un dispositif ad hoc créé l’an dernier. Les États-Unis se sont toutefois abstenus lors du vote, estimant que les conditions n’étaient « pas réunies pour un passage immédiat » à ce mécanisme, a expliqué leur représentante.
À nos yeux, les conditions ne sont pas réunies pour un passage immédiat à ce dispositif de financement onusien.
Dorothy Shea, représentante américaine à l’ONU
Les shebabs, une menace majeure malgré les offensives
Malgré les opérations militaires menées par le gouvernement somalien avec le soutien de ses partenaires ces derniers mois, les shebabs restent une menace de taille. Leurs attaques meurtrières se poursuivent, visant tant les civils que les intérêts militaires et gouvernementaux.
Le déploiement de l’AUSSOM vise ainsi à consolider les acquis et à permettre à terme un retrait progressif des troupes étrangères, pour laisser les forces de sécurité somaliennes assurer seules la protection du pays. Un défi de taille, au vu de la situation sécuritaire et humanitaire préoccupante en Somalie.
La communauté internationale mobilisée aux côtés de la Somalie
Au-delà du volet militaire, la communauté internationale s’est engagée à soutenir les efforts de stabilisation et de développement en Somalie. L’Union européenne et d’autres partenaires ont ainsi promis une aide accrue, pour renforcer les institutions, soutenir la croissance économique et lutter contre la pauvreté endémique.
La situation en Somalie reste fragile et complexe, prise en étau entre terrorisme, instabilité politique, pauvreté et urgences humanitaires. Dans ce contexte, le feu vert donné à l’AUSSOM par le Conseil de sécurité est un signal fort. Il témoigne de la détermination de l’ONU et de l’Union africaine à épauler le gouvernement et le peuple somaliens dans leur quête de paix et de prospérité.
L’enjeu est de taille, et le chemin sera long. Mais cette nouvelle étape, avec une force remodelée et un soutien international renouvelé, laisse entrevoir une lueur d’espoir pour l’avenir de la Somalie. Un espoir que l’AUSSOM devra s’efforcer de concrétiser sur le terrain, en relevant le défi immense de la lutte contre les shebabs et de la stabilisation du pays.