Alors que le peuple syrien célèbre la chute du régime Assad après 14 années de violences inouïes, les enquêteurs onusiens sur les crimes de guerre sonnent l’alerte. Dans un communiqué publié dimanche, la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie a salué ce « nouveau départ historique », tout en appelant les nouveaux dirigeants à s’assurer que « de telles atrocités ne se répètent jamais plus ».
Donner une chance à la paix et la justice
Paulo Pinheiro, chef de la commission, a souligné la portée symbolique de ces derniers jours, qui ont vu « la libération de milliers de prisonniers » ayant subi « des années voire des décennies de détention à l’isolement ». Une scène que « des millions de Syriens n’auraient pas pu imaginer il y a encore quelques jours », en particulier pour ceux relâchés de la sinistre prison de Sednaya près de Damas.
Cette libération apporte « un immense soulagement aux individus libérés et à leurs familles », ainsi que « de l’espoir pour ceux qui attendent toujours de leurs proches disparus par dizaines de milliers ». M. Pinheiro insiste : « Il faut donner au peuple syrien la possibilité de voir ce moment historique comme la fin de décennies de répression« .
Préserver les preuves des crimes
La commission, qui enquête depuis 2011 sur les violations des droits humains et les crimes de guerre en Syrie, a appelé à « prendre soin de ne pas porter atteinte aux preuves » dans les centres de détention. La recherche des disparus « a désormais une chance de progresser de manière exponentielle » selon Hanny Megally, membre de la commission.
Empêcher les pillages et protéger les civils
Si la commission salue les promesses des différentes parties de protéger les populations civiles, elle souligne que « leurs actes doivent désormais correspondre à leurs mots ». Il s’agit notamment de « rompre le cycle destructif de pillages » observé par le passé lors des changements de contrôle des territoires.
Les nouvelles autorités syriennes sont appelées à « prendre des mesures immédiates » pour empêcher ces pillages et assurer la protection des biens laissés par les centaines de milliers de déplacés ces derniers jours. Un test crucial pour la crédibilité de ces dirigeants qui disent incarner le changement.
La responsabilité de tourner la page
Après plus d’une décennie d’un conflit dévastateur, cette transition politique ouvre une opportunité historique pour le peuple syrien. Mais les enquêteurs de l’ONU sont formels : il revient aux nouveaux dirigeants de « s’assurer que de telles atrocités ne se répètent jamais plus », que ce soit dans les geôles de Sednaya ou ailleurs.
Cette journée marque un nouveau départ pour le peuple syrien qui a subi une violence et des atrocités indescriptibles dans les 14 dernières années.
Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie
Le chemin sera long pour panser les plaies et reconstruire un pays ravagé par la guerre. Mais l’espoir renaît pour des millions de Syriens qui aspirent à tourner définitivement la page des exactions et de la tyrannie. Les regards sont désormais braqués sur les nouveaux maîtres de Damas, dont les actes devront être à la hauteur des attentes et des sacrifices endurés.