L’Arabie saoudite fait face à une nouvelle vague de critiques de la part des Nations Unies. Mercredi, deux experts des droits de l’homme mandatés par l’ONU ont exhorté le royaume à suspendre l’exécution imminente de trois ressortissants étrangers. Cette demande intervient alors que le pays a déjà procédé à un nombre record de 303 exécutions depuis le début de l’année 2023.
Un recours excessif à la peine capitale qui inquiète
D’après une source proche du dossier, mardi encore, trois personnes reconnues coupables de trafic de drogue et une autre de meurtre ont été exécutées en Arabie saoudite. Parmi elles figuraient trois citoyens égyptiens. Les deux rapporteurs spéciaux de l’ONU indiquent par ailleurs que deux autres ressortissants égyptiens ainsi qu’un jordanien sont sur le point de subir le même sort.
Ce rythme effréné d’exécutions semble marquer la fin du moratoire officieux annoncé en 2021 sur l’application de la peine de mort pour les infractions liées à la drogue dans le pays. Un revirement qui suscite une vive inquiétude au sein de la communauté internationale.
Les étrangers, principales victimes
Les ressortissants étrangers apparaissent comme les premiers visés par cette recrudescence des exécutions. Ils représentent en effet 113 des 303 personnes exécutées cette année en Arabie saoudite, soit plus d’un tiers. Un chiffre record qui interpelle.
Les ressortissants étrangers sont souvent dans une situation de vulnérabilité et ont besoin de mesures spécifiques pour garantir leurs droits dès leur arrestation, pendant les interrogatoires et tout au long de la procédure judiciaire.
Morris Tidball-Binz et Alice Jill Edwards, rapporteurs spéciaux de l’ONU
Selon les experts onusiens, environ 75% de toutes les exécutions pour des crimes liés à la drogue cette année concernent des étrangers. Ils s’inquiètent également du fait que les procès ne respectent pas les normes internationales d’équité et de procédure régulière.
Un appel à des mesures immédiates
Face à cette situation alarmante, les rapporteurs spéciaux pressent l’Arabie saoudite de prendre des mesures concrètes :
- Suspendre les exécutions imminentes de ressortissants étrangers
- Veiller à ce que tous les détenus étrangers bénéficient des garanties d’une procédure régulière
- Abolir la peine de mort pour les crimes autres que les homicides volontaires
Ils soulignent qu’« exécuter des personnes dont la culpabilité n’a pas été établie au-delà de tout doute raisonnable constitue une privation arbitraire de la vie ». Un principe fondamental du droit international que l’Arabie saoudite se doit de respecter.
Vers une remise en cause de la peine de mort ?
Cette prise de position ferme des experts de l’ONU relance le débat sur la peine capitale et son application, en particulier à l’encontre des ressortissants étrangers. Elle met en lumière les failles du système judiciaire saoudien et la nécessité de profondes réformes pour garantir les droits humains fondamentaux.
Reste à savoir si cet appel sera entendu par les autorités saoudiennes et aboutira à un réel changement de cap. La communauté internationale reste en alerte, prête à se mobiliser pour que justice soit rendue et que la dignité humaine soit respectée, sans distinction d’origine ou de nationalité.