Selon un nouveau rapport de la Cnuced publié mardi, les pays du Sud global sont confrontés à des défis grandissants pour naviguer dans une économie mondiale atone. L’ONU appelle à repenser en profondeur les stratégies de développement pour éviter une fragmentation accrue et saisir de nouvelles opportunités de croissance.
Une “nouvelle normalité” de croissance faible qui s’installe
Le rapport souligne l’émergence d’un contexte économique mondial caractérisé par une croissance durablement faible. Les projections tablent sur des taux de seulement 2,7% pour 2024 et 2025, loin des 4,4% observés dans les années pré-crise financière. Pour les économies en développement, le ralentissement est encore plus marqué, avec une croissance moyenne tombée à 4,1% sur la dernière décennie, contre 6,6% sur la période 2003-2013.
Dans le même temps, le poids de la dette des pays du Sud a bondi de 70% entre 2010 et 2023, menaçant nombre d’entre eux de mesures d’austérité qui pourraient compromettre les avancées vers un développement inclusif. Un cocktail explosif qui attise le mécontentement social.
Des fractures économiques qui se creusent
La secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, tire la sonnette d’alarme : une croissance faible, un endettement élevé et une faiblesse de l’investissement et du commerce exacerbent les fractures économiques entre pays industrialisés et en développement.
Les pays en développement ont subi de plein fouet l’impact de la pandémie et des crises en cascade qui l’ont suivie.
Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Cnuced
Malgré quelques économies affichant une croissance prometteuse, le tableau général dans le Sud global est celui d’une croissance atone, d’une exposition grandissante aux chocs mondiaux et d’un risque de fragmentation des échanges.
Inflation et érosion du pouvoir d’achat
Le rapport pointe également du doigt l’inflation post-pandémie, nourrie par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la concentration du pouvoir de marché dans des secteurs clés comme l’agriculture et l’énergie. Une dynamique qui a sérieusement érodé le pouvoir d’achat dans les pays en développement.
Face à ce défi, la Cnuced met en garde contre une réponse uniquement centrée sur le resserrement monétaire. Elle plaide plutôt pour une combinaison de politiques incluant des stratégies fiscales et réglementaires.
Des opportunités à saisir malgré tout
Le rapport identifie néanmoins des pistes de croissance pour les pays du Sud :
- Le commerce des services, en plein essor, offre un nouveau potentiel d’exportations.
- La transition énergétique et l’économie numérique recèlent des gisements de développement.
- Mais pour concrétiser ces opportunités, les pays doivent éviter le piège de la dépendance aux matières premières.
Rebeca Grynspan insiste : les changements géopolitiques et économiques en cours indiquent que la mondialisation se trouve à un point d’inflexion. Reste à savoir si cela débouchera sur un paradigme plus favorable aux pays en développement et aux objectifs de développement durable.
Face à ces défis complexes, l’ONU exhorte à une réflexion profonde pour réinventer les modèles de développement. Un impératif pour éviter que ne se creuse davantage le fossé Nord-Sud dans une économie mondiale en perte de vitesse.