Après près de 14 ans de conflit sanglant et des décennies de répression brutale, le régime de Bachar al-Assad en Syrie a finalement été chassé du pouvoir. Un tournant historique pour le pays, qui s’apprête à entamer une période de transition politique cruciale. Mais l’ONU met en garde : les crimes du passé ne doivent pas rester impunis.
L’ONU demande des comptes aux responsables d’exactions
Lors d’une conférence de presse à Genève ce lundi, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a déclaré que « toute transition politique doit veiller à ce que les auteurs de violations graves répondent de leurs actes et à ce que les responsables soient tenus de rendre compte ». Il a insisté sur le fait qu’il s’agira d’un « élément clé de la transition », qu’il s’agisse « du gouvernement précédent, du président ou d’autres ».
M. Türk a également souligné qu’« il est impératif que toutes les preuves soient méticuleusement conservées en vue d’une utilisation à l’avenir ». La réforme de « l’appareil sécuritaire » et la nécessité de « répondre à la tragédie des personnes disparues » ont aussi été pointées comme des priorités.
La chute spectaculaire du régime d’Assad
Le 27 novembre dernier, une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a lancé une offensive d’une ampleur sans précédent depuis son fief d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. En seulement dix jours, face à l’effondrement des forces gouvernementales, les insurgés ont conquis de vastes territoires ainsi que les grandes villes d’Alep (nord), Hama (centre), Deraa (sud) et Homs, avant de faire leur entrée dans la capitale, Damas.
Cette offensive éclair, la plus spectaculaire depuis le début du conflit déclenché en 2011, a fait vaciller puis tomber le régime de Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000. Une guerre civile dévastatrice qui aura fait plus de 500 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Protéger les minorités et lancer un vrai processus politique
Dans ce contexte post-Assad encore très incertain, Volker Türk a martelé que « toutes les mesures doivent être prises pour assurer la protection de toutes les minorités et pour éviter les représailles et les actes de vengeance ». Le haut responsable onusien a également plaidé pour « un processus politique national qui mette fin à la litanie de souffrances, réponde aux aspirations de tous les Syriens et garantisse la vérité, la justice, la réparation, la guérison et la réconciliation ».
Il est essentiel que les droits humains de tous les Syriens soient au coeur d’un tel processus, grâce à une participation significative et inclusive, notamment des femmes et des jeunes.
Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme
M. Türk a affirmé que les services de l’ONU se tenaient prêts à soutenir le processus de transition, qui s’annonce semé d’embûches. La communauté internationale aura un rôle clé à jouer pour accompagner la Syrie vers la paix et la réconciliation, après tant d’années de violences et d’atrocités.
Les prochaines étapes cruciales pour l’avenir de la Syrie
Alors que le régime honni de Bachar al-Assad appartient désormais au passé, de nombreuses questions restent en suspens quant à l’avenir de la Syrie :
- Quelle forme prendra le futur gouvernement de transition et qui le composera ?
- Comment juger les crimes de guerre et les violations des droits humains perpétrés pendant le conflit, en garantissant équité et impartialité ?
- Quelles mesures pour sécuriser le pays, démilitariser la société et réformer les services de sécurité ?
- Comment reconstruire les infrastructures et l’économie dévastées, tout en palliant les urgences humanitaires ?
- Comment réussir la réconciliation entre les différentes composantes de la société syrienne et tourner la page des années de guerre civile ?
Autant de défis immenses qui attendent les nouvelles autorités syriennes, alors que se profile une transition politique des plus délicates. L’ONU et la communauté internationale devront se montrer à la hauteur pour les épauler dans cette tâche, tout en s’assurant que justice soit faite et que plus jamais la Syrie ne sombre dans un tel chaos meurtrier.
