L’Organisation des Nations Unies (ONU) a sonné l’alarme ce jeudi concernant l’aggravation critique des niveaux de faim dans de nombreuses régions du monde au cours des sept prochains mois. Gaza, le Soudan, le Soudan du Sud, le Mali et Haïti sont pointés comme étant les zones les plus préoccupantes selon un rapport conjoint de la FAO et du PAM, les agences alimentaires onusiennes.
Les conflits armés, principal moteur de l’insécurité alimentaire aiguë
D’après les experts de l’ONU, ce sont les conflits et la violence armée qui sont à l’origine de la majeure partie de l’insécurité alimentaire aiguë dans toutes les régions analysées. Les effets directs et indirects des conflits sur la faim sont considérables :
- Destruction du bétail et des récoltes
- Populations forcées de fuir leurs foyers
- Perturbation des moyens de subsistance et des revenus
- Accès limité aux marchés
- Fluctuations des prix
- Production et consommation alimentaires irrégulières
Conditions météorologiques extrêmes et endettement, des facteurs aggravants
Les conditions météorologiques extrêmes sont également un facteur important dans plusieurs régions, tandis que les inégalités économiques et les niveaux d’endettement élevés dans de nombreux pays en développement nuisent à la capacité de réaction des gouvernements face à cette crise, selon le rapport.
Une action humanitaire urgente nécessaire pour éviter le pire
Les agences onusiennes appellent à une action humanitaire immédiate pour éviter la famine et la mort dans les zones les plus touchées comme la bande de Gaza, le Soudan, le Soudan du Sud, Haïti et le Mali. Sans efforts humanitaires urgents et une action internationale concertée, le rapport alerte que “la famine et les pertes en vies humaines risquent de s’aggraver” dans ces régions.
En l’absence d’efforts humanitaires immédiats et d’une action internationale concertée pour remédier aux graves difficultés d’accès et visant à une désescalade des conflits et de l’insécurité, la famine et les pertes en vies humaines risquent de s’aggraver.
Extrait du rapport conjoint FAO/PAM
D’autres pays dans une situation très préoccupante
Le Nigeria, le Tchad, le Yémen, le Mozambique, la Birmanie, la Syrie et le Liban sont eux aussi dans une situation très préoccupante selon le rapport, qui se concentre sur “les situations les plus graves” et ne représente donc pas tous les pays confrontés à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë.
Gaza au bord de la famine, des centaines de milliers de personnes menacées
Dans la bande de Gaza, la recrudescence récente des hostilités fait craindre que le scénario catastrophique de la famine ne se concrétise. Selon les estimations, environ 41% de la population, soit 876 000 personnes, seront confrontées à des niveaux de famine “d’urgence” de novembre à fin avril, tandis que près de 16%, soit 345 000 personnes, connaîtront des niveaux “catastrophiques”. À la mi-octobre, 1,9 million de personnes, soit 91% de la population de Gaza, étaient déjà déplacées.
Au Soudan et au Soudan du Sud, la situation ne cesse d’empirer
Au Soudan, des centaines de milliers de personnes déplacées par le conflit continueront d’être confrontées à la famine. Au Soudan du Sud, le nombre de personnes confrontées à la famine et à la mort devrait déjà avoir presque doublé au cours des quatre mois compris entre avril et juillet 2024 par rapport à la même période de 2023. Et ces chiffres pourraient encore s’aggraver à partir de mai 2025.
Haïti et Mali, des crises aggravées par la violence
En Haïti, la violence armée conjuguée à une crise économique persistante et aux ouragans risque d’aggraver des niveaux de faim déjà critiques. Au Mali, où l’ONU a retiré sa mission de maintien de la paix en 2023, l’escalade du conflit risque d’empirer une situation déjà très préoccupante, avec les groupes armés imposant des barrages sur les routes et empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire.
Un financement de l’aide humanitaire en baisse pour la deuxième année
L’année 2024 est la deuxième année consécutive de baisse du financement de l’aide humanitaire. Douze plans dans le secteur de la sécurité alimentaire ont été confrontés à des déficits de financement de plus de 75% dans des pays comme l’Éthiopie, le Yémen, la Syrie et la Birmanie. Une situation qui risque de compromettre encore davantage les efforts pour lutter contre la faim dans ces régions.
La Niña pourrait encore aggraver les crises alimentaires
Dans certaines régions jugées préoccupantes, les conditions météorologiques extrêmes causées par la réapparition possible cet hiver de La Niña, un phénomène climatique naturel qui peut soit déclencher de fortes pluies, soit aggraver les sécheresses et les vagues de chaleur, pourraient exacerber les crises alimentaires, alerte le rapport.
Face à cette situation alarmante, la communauté internationale est plus que jamais appelée à se mobiliser de toute urgence pour venir en aide aux populations menacées par la famine et la malnutrition. Sans une action rapide et coordonnée, ce sont des centaines de milliers de vies qui pourraient être perdues dans les mois à venir.