La situation humanitaire au Yémen ne cesse de se détériorer année après année. Selon les dernières estimations de l’ONU, la crise s’aggrave encore en 2025, avec au moins 19,5 millions de personnes qui auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence, soit 1,3 million de plus qu’en 2024. Un chiffre alarmant qui illustre l’ampleur de la catastrophe qui frappe le pays depuis maintenant plus d’une décennie.
Une population à bout de forces
Les civils yéménites sont les premières victimes de ce conflit interminable qui oppose le gouvernement soutenu par l’Arabie Saoudite aux rebelles Houthis appuyés par l’Iran. Pris en étau entre les bombardements et les blocus, près de la moitié de la population, soit plus de 17 millions de personnes, souffre aujourd’hui de la faim et ne parvient plus à subvenir à ses besoins alimentaires de base.
Les franges les plus vulnérables de la société sont particulièrement touchées, à commencer par les femmes, les enfants et les quelque 4,8 millions de déplacés internes qui ont dû fuir les combats. Parmi eux, un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre de malnutrition aigüe sévère et de retards de croissance irréversibles.
Un système de santé à genoux
Les infrastructures sanitaires du pays, déjà fragiles avant le début du conflit, sont aujourd’hui exsangues. Moins de la moitié des établissements de santé sont encore fonctionnels, faute de personnel, d’équipements et de médicaments. Une situation qui empêche de prendre en charge correctement les blessés de guerre et les nombreux malades chroniques.
La résurgence de l’épidémie de choléra vient encore aggraver ce tableau clinique déjà catastrophique. Selon l’ONU, le niveau épidémique atteint aujourd’hui est « épouvantable » et met encore davantage sous pression un système de santé à l’agonie.
La paix, seul espoir d’amélioration
Dans ce contexte, l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, appelle à une « désescalade immédiate » des violences et à « un engagement véritable pour la paix ». De retour de Sanaa, la capitale contrôlée par les Houthis, il souligne qu’un retour au calme est indispensable pour commencer à stabiliser le pays et permettre l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont cruellement besoin.
La nécessité de répondre à la crise au Yémen est d’autant plus urgente que la stabilité régionale requiert, en partie, de parvenir à la paix au Yémen.
Hans Grundberg, émissaire de l’ONU pour le Yémen
Un cessez-le-feu parrainé par l’ONU en avril 2022 avait permis une accalmie des combats. Fin 2023, les belligérants s’étaient même engagés à suivre une feuille de route onusienne pour tenter de mettre fin aux hostilités. Mais la reprise des affrontements à Gaza et les attaques des Houthis contre Israël et des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden ont fait voler en éclats ces fragiles espoirs de paix.
La communauté internationale appelée à la rescousse
Face à l’enlisement du conflit et à l’aggravation de la crise humanitaire, l’ONU et les ONG tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Elles exhortent la communauté internationale à se mobiliser en urgence pour répondre aux besoins criants de la population yéménite.
L’appel lancé pour 2025 sera « prochainement » détaillé mais il devrait encore battre de tristes records. Un effort massif sera nécessaire pour tenter d’éviter un effondrement total du pays et d’offrir un avenir aux millions de civils pris au piège de cette guerre oubliée.
Seule une mobilisation urgente et coordonnée des bailleurs de fonds et des acteurs humanitaires pourra permettre de soulager les immenses souffrances du peuple yéménite. Un peuple qui tente de survivre depuis trop longtemps dans un enfer sans fin, où les bombes continuent de pleuvoir et où la faim et la maladie font chaque jour de nouvelles victimes innocentes.