Un nouveau rapport d’un comité spécial de l’ONU vient d’enflammer les tensions déjà vives entre Israël et les Palestiniens. Ce document, qui sera présenté lundi à l’Assemblée générale des Nations unies à New York, accuse Israël d’employer des méthodes s’apparentant à un “génocide” dans la bande de Gaza. Une accusation qualifiée immédiatement de “biaisée” et “anti-israélienne” par l’État hébreu.
Un comité spécial de l’ONU pointe du doigt les “pratiques israéliennes” à Gaza
Le rapport en question a été rédigé par un comité spécial de l’ONU, créé en 1968 dans le but d’enquêter sur les pratiques d’Israël dans les Territoires palestiniens occupés depuis la guerre des Six Jours en 1967, à savoir la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Dans un communiqué publié jeudi, ce comité n’a pas mâché ses mots. Il estime qu’à travers “son siège de Gaza, son obstruction de l’aide humanitaire, ses attaques ciblées tuant des civils et des travailleurs humanitaires”, et ce malgré les appels répétés de la communauté internationale, “Israël cause intentionnellement la mort, la famine et des blessures graves”. Des actes qui, selon le comité, “correspondent aux caractéristiques d’un génocide”.
Israël dénonce des “fausses affirmations” et une instrumentalisation de l’ONU
La réponse d’Israël ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué relayé dans la nuit de samedi à dimanche par son porte-parole Oren Marmorstein sur X (ex-Twitter), le ministère israélien des Affaires étrangères a fustigé un rapport “biaisé” et “anti-israélien”.
Pour la diplomatie israélienne, ce document “est un exemple consternant de la transformation de l’ONU en une organisation utilisée comme pion par des terroristes”. Il s’agirait selon elle de “fausses affirmations”. Elle met en avant que la guerre qu’elle mène depuis plus d’un an contre le Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza, n’a pour objectif que de “démanteler les installations terroristes” de ce dernier.
Comme souvent, Israël affirme également que c’est le Hamas qui “utilise les civils comme boucliers humains” et non pas l’armée israélienne qui prend pour cible “la population de Gaza”. Le ministère assure qu’Israël reste “pleinement déterminé à faciliter l’acheminement continu de l’aide”, laissant entendre que l’ONU aurait failli à sa tâche de distribuer l’aide internationale aux Gazaouis.
Washington également en désaccord avec les conclusions “infondées” du rapport
Les États-Unis ont eux aussi exprimé leur désapprobation “sans équivoque” vis-à-vis des conclusions du rapport onusien, jugeant les accusations de génocide “infondées”. Un soutien de poids pour Israël, qui peut compter sur son allié américain de longue date.
Une situation humanitaire critique à Gaza sur fond d’affrontements meurtriers
Ce nouveau rapport intervient alors que la bande de Gaza est le théâtre de violents affrontements entre Israël et le Hamas depuis octobre 2023. Le déclencheur : une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste depuis l’enclave palestinienne vers le sud d’Israël.
Selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles, le conflit a fait à ce jour 1206 morts côté israélien, majoritairement des civils, incluant les personnes tuées ou mortes en captivité à Gaza. Côté palestinien, la riposte israélienne aurait causé 43 846 morts d’après le ministère de la Santé du Hamas, des chiffres jugés fiables par l’ONU. Là aussi, il s’agirait en grande partie de victimes civiles.
Les organisations humanitaires, y compris celles des Nations unies, alertent régulièrement sur l’aggravation de la crise humanitaire dans ce territoire palestinien sous blocus israélien. Elles affirment se heurter à d’importants obstacles, notamment administratifs, pour opérer et acheminer l’aide à Gaza.
Un énième épisode dans un conflit qui s’enlise
Ce rapport et les vives réactions qu’il suscite illustrent une fois de plus l’extrême complexité du conflit israélo-palestinien et l’impasse dans laquelle il se trouve. Malgré les efforts diplomatiques internationaux, aucune solution durable ne semble se profiler à l’horizon.
Pendant ce temps, les civils continuent de payer le prix fort de cet affrontement qui dure depuis des décennies. À Gaza, territoire surpeuplé soumis à un strict blocus israélien depuis 2007, la population vit au quotidien les conséquences dramatiques de cette crise sans fin : pauvreté endémique, infrastructures dévastées, accès restreint aux biens de première nécessité…
La question reste entière : ce énième rapport onusien parviendra-t-il à faire bouger les lignes et à inciter la communauté internationale à agir plus fermement pour mettre un terme à ce drame humanitaire ? Ou ne fera-t-il qu’attiser un peu plus les tensions dans une région déjà à vif ? L’avenir nous le dira, mais il y a fort à parier que le chemin vers la paix sera encore long et semé d’embûches.