Au cœur du conflit israélo-palestinien, la bande de Gaza fait face à une crise humanitaire et sanitaire d’une ampleur alarmante. Après 15 mois de bombardements incessants par l’armée israélienne suite aux attaques du mouvement Hamas en octobre, le territoire se retrouve avec des infrastructures de santé largement détruites ou endommagées. Face à cette situation critique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se dit prête à intensifier son aide, mais sous une condition essentielle : se voir garantir l’accès à l’ensemble de la population palestinienne partout sur le territoire.
L’OMS pose ses conditions pour une aide renforcée
Dans un communiqué, l’OMS souligne qu’il est « essentiel que les obstacles sécuritaires qui entravent les opérations soient levés ». L’organisation aura besoin de « conditions sur le terrain qui permettent un accès systématique à la population de Gaza, l’afflux d’aide par toutes les frontières et voies possibles et la levée des restrictions à l’entrée des produits essentiels ».
Jusque-là, Israël disposait du contrôle total du volume et de la nature de l’aide pouvant pénétrer dans Gaza. Selon une source proche du dossier, l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur dimanche prévoit désormais l’entrée de 600 camions d’aide par jour. Une avancée significative, mais qui devra se concrétiser sur le terrain pour permettre à l’aide humanitaire d’atteindre ceux qui en ont le plus besoin.
Des besoins sanitaires colossaux
L’OMS dresse un tableau sombre de la situation sanitaire à Gaza. Selon l’agence, les défis à venir sont « immenses » et le montant nécessaire pour remettre le système de santé sur pied est estimé à « plus de 10 milliards de dollars ».
Les soins de santé spécialisés sont largement indisponibles, les évacuations médicales à l’étranger sont extrêmement lentes. La transmission des maladies infectieuses a considérablement augmenté, la malnutrition est en hausse et le risque de famine persiste.
Communiqué de l’OMS
L’organisation s’inquiète aussi de « l’effondrement de l’ordre public, exacerbé par les gangs armés » qui risquent d’interférer avec l’arrivée de l’aide par voie terrestre. Un paramètre de plus à prendre en compte dans une situation déjà extrêmement complexe.
Un bilan humain probablement sous-estimé
Si l’OMS se base sur les chiffres du ministère de la santé du Hamas faisant état de plus de 46 600 personnes tuées et plus de 110 000 blessées, elle estime que « les chiffres réels sont probablement bien plus élevés ».
Parmi les blessés, environ 30 000 personnes souffriraient de blessures nécessitant une rééducation continue. Et selon l’organisation, quelque 12 000 personnes auraient besoin d’être évacuées en urgence pour être soignées ailleurs, les infrastructures locales étant exsangues.
Des infrastructures de santé dévastées
Le constat de l’OMS sur l’état des infrastructures sanitaires est sans appel. Seule la moitié des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement opérationnels. « Presque tous les hôpitaux sont endommagés ou partiellement détruits, et seulement 38% des centres de soins de santé primaires sont fonctionnels », précise l’organisation.
Un tableau clinique qui laisse présager des mois, voire des années, d’efforts pour reconstruire un système de santé en ruine. Et ce, à condition que l’accès et la sécurité des équipes humanitaires soient garantis, comme le réclame l’OMS.
Un avenir incertain pour la population de Gaza
Au-delà de l’urgence humanitaire immédiate, c’est tout l’avenir de la population de Gaza qui est en jeu. Avec un système de santé délabré, des maladies qui se propagent, une malnutrition galopante et une pauvreté endémique, les Gazaouis font face à des défis sanitaires et humains sans précédent.
La communauté internationale, à commencer par l’OMS, se mobilise pour leur venir en aide. Mais sans un accès libre et sécurisé, sans une levée des restrictions sur les biens essentiels, sans une reconstruction en profondeur des infrastructures, cette aide risque de n’être qu’un pansement sur une plaie béante.
L’avenir de Gaza et de ses habitants est aujourd’hui suspendu à la capacité de toutes les parties – Israël, Palestine, communauté internationale – à œuvrer ensemble pour briser le cercle infernal de la violence et de la crise humanitaire. Un défi immense, à la hauteur des souffrances endurées par la population. Un défi qui engage notre responsabilité collective.