Face à la progression ininterrompue de l’épidémie de mpox à travers le monde, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de maintenir son niveau d’alerte maximal. Cette décision, prise ce vendredi, témoigne de l’inquiétude persistante des autorités sanitaires internationales quant à l’expansion géographique de la maladie et aux difficultés rencontrées sur le terrain pour y faire face efficacement.
Une propagation qui ne faiblit pas
Anciennement connue sous le nom de “variole du singe”, le mpox est une affection virale qui provoque de fortes fièvres, des douleurs musculaires et des lésions cutanées caractéristiques. Si elle était initialement circonscrite à une poignée de pays africains après sa découverte en 1970 en République démocratique du Congo (RDC), l’année 2022 a marqué un tournant avec une propagation sans précédent du virus vers de nombreux pays où il n’avait encore jamais circulé, y compris des nations développées.
Selon les données de début novembre, ce sont près de 51 000 cas et plus de 1 000 décès liés au mpox qui ont été rapportés depuis janvier dernier. Une situation particulièrement préoccupante en Afrique centrale qui concentre à elle seule 85,8% des cas et la quasi-totalité des morts (99,4%). La RDC est de loin le pays le plus touché avec plus de 39 000 contaminations et 1 000 victimes depuis le début de l’année.
Deux épidémies distinctes mais liées
Les experts distinguent actuellement deux foyers épidémiques concomitants. Le premier, provoqué par la souche historique du virus (clade 1), frappe principalement les enfants en Afrique centrale. Le second, lié à un nouveau variant (clade 1b), se propage chez les adultes à l’Est de la RDC et dans les pays voisins. Une situation complexe qui appelle des réponses adaptées.
Des campagnes de vaccination encore limitées
Pour tenter d’enrayer la progression du mpox, plusieurs pays africains dont la RDC ont lancé des campagnes de vaccination. Mais celles-ci restent pour l’instant très limitées, comme le souligne le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC). En RDC, seules 51 000 personnes ont pu être vaccinées sur une population de plus de 100 millions d’habitants. Le pays, qui figure parmi les plus pauvres du monde, est dépendant des dons de vaccins pour immuniser en priorité les groupes jugés à risque comme le personnel soignant ou les travailleuses du sexe.
De plus, le seul vaccin déployé pour l’instant, fabriqué par le laboratoire danois Bavarian Nordic, est uniquement destiné aux adultes. Or près de 40% des contaminations en RDC concernent des enfants de moins de 15 ans, laissés pour compte de la prévention.
Des dons de vaccins attendus
Les agences sanitaires internationales ont promis d’allouer environ 900 000 doses de vaccin aux 9 pays africains les plus affectés par l’épidémie, dont la République centrafricaine, le Rwanda et l’Ouganda. La part du lion (85%) devrait revenir à la RDC pour l’aider à contenir la propagation du virus sur son territoire.
La lutte contre le mpox est donc loin d’être gagnée. La reconduction du niveau d’alerte maximal par l’OMS en est la cruelle illustration. Dans ce combat difficile, la solidarité internationale sera plus que jamais décisive pour soutenir les pays les plus vulnérables, en particulier sur le continent africain. Car derrière des bilans comptables toujours plus lourds, ce sont d’innombrables vies et destins individuels qui se jouent.
Cette décision a été prise en raison du nombre croissant de cas et de leur propagation géographique continue, des défis opérationnels sur le terrain et de la nécessité de mettre en place et de maintenir une réponse cohérente entre les pays et les partenaires.
– Communiqué de l’OMS