C’est une décision qui ne passe pas auprès des supporters olympiens. Ce vendredi, un arrêté du Ministère de l’Intérieur est venu doucher leurs espoirs de se rendre dans le Chaudron de Geoffroy-Guichard dimanche soir pour soutenir leur équipe face à l’AS Saint-Étienne. Une interdiction de déplacement pure et simple qui fait grincer des dents.
Un « risque réel et sérieux d’affrontement » selon le Ministère
Pour justifier cette mesure radicale, Bruno Retailleau, le Ministre de l’Intérieur, invoque dans son arrêté « le risque réel et sérieux d’affrontement entre les supporters des deux clubs lors du match prévu dimanche à 20H45 ». Il pointe du doigt la persistance de « troubles à l’ordre public et les comportements violents des supporters stéphanois à l’occasion des rencontres entre l’ASSE et un club avec lequel il existe une rivalité particulière ».
Un climat tendu que le Ministère impute à « l’animosité » qui règnerait « depuis de très nombreuses années » entre les fans des deux équipes. Selon l’arrêté, ce « fort antagonisme » se serait « traduit à plusieurs reprises par de graves affrontements nécessitant l’intervention des forces de l’ordre ».
Des arguments qui ne convainquent pas côté marseillais
Mais du côté de la Canebière, on crie au « deux poids deux mesures ». « Pourquoi ne pas interdire aussi le déplacement des Stéphanois à Marseille dans ce cas ? », s’insurge un supporter historique de l’OM sous couvert d’anonymat. « On nous colle encore une fois l’étiquette de supporters à risque sans preuve. C’est trop facile. »
Même son de cloche chez les associations de supporters olympiens qui dénoncent unanimement une « décision injuste et discriminatoire ». Dans un communiqué, elles rappellent que « les incidents en tribunes et aux abords des stades impliquent souvent les deux camps » et jugent « disproportionné d’en faire porter la responsabilité aux seuls Marseillais ».
Notre-Dame et déplacement des forces de l’ordre : les autres justifications
Mais le Ministère de l’Intérieur avance un autre argument de poids : la mobilisation des forces de sécurité sur d’autres événements ce week-end, notamment à Paris « pour l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame, laquelle mobilisera une partie des forces habituellement présentes dans la région et redéployées en Ile-de-France. »
Un motif qui fait bondir les supporters marseillais. « Donc sous prétexte qu’il y a une cérémonie à Notre-Dame, on nous prive d’aller encourager notre équipe ? C’est une honte ! » tempête l’un d’entre eux. « Ils n’ont qu’à mobiliser d’autres unités au lieu de s’en prendre à nous. »
« Les supporters sont les grands oubliés du football business »
Un ancien membre des South Winners
Le spectre des incidents passés
Il faut dire que la rivalité OM-ASSE a été émaillée par plusieurs épisodes de violences ces dernières années. En 2015, des bagarres avaient éclaté en tribune et aux abords du stade Vélodrome, faisant plusieurs blessés. Rebelote en 2019 à Geoffroy-Guichard avec des jets de projectiles et des destructions de biens.
Des incidents qui restent dans toutes les mémoires et qui ont manifestement pesé dans la décision des autorités. « On paye les pots cassés du passé » regrette le président d’un groupe de supporters. « Mais on a fait beaucoup d’efforts ces derniers temps pour pacifier les relations. Ce genre de sanction ne fait que jeter de l’huile sur le feu. »
Un huis clos partiel en débat
Face à la bronca des fans marseillais, certaines voix s’élèvent pour préconiser des solutions alternatives à l’interdiction pure et simple de déplacement. L’idée d’un huis clos partiel du parcage visiteurs est notamment avancée par des associations de supporters.
« Un huis clos partiel permettrait de sécuriser le match sans pour autant priver tous les supporters de leur passion »
Le coordinateur national de l’Association Nationale des Supporters
Mais pour l’heure, le Ministère campe sur ses positions. Contactée, la Ligue de Football Professionnel n’a pas souhaité commenter la décision, se bornant à « prendre acte » de l’arrêté. Du côté de l’OM et de l’ASSE, c’est également le silence radio. Seule certitude, le choc de dimanche soir se jouera sans les chants et tifos des bouillants supporters marseillais. Pour le meilleur ou pour le pire.