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L’OIT Juge Recevable La Plainte Contre L’Arabie Saoudite Pour Le Mondial 2034

L'OIT a jugé recevable une plainte contre l'Arabie saoudite pour violations des droits des travailleurs migrants sur les chantiers du Mondial 2034. Une enquête est lancée malgré la volonté affichée de Ryad de collaborer. Les défenseurs des droits s'inquiètent d'une explosion des abus avec la construction d'une dizaine de stades...

C’est un pavé dans la mare pour l’Arabie saoudite à l’aube de l’organisation de la Coupe du monde 2034 de football. L’Organisation internationale du travail (OIT) vient en effet de juger « recevable » une plainte déposée par un syndicat concernant de graves violations des droits humains et des travailleurs sur les chantiers du royaume.

Selon nos informations, c’est l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) qui a saisi l’OIT en juin 2024 au nom de 21 000 victimes présumées. Ce syndicat dénonce « l’exploitation des conditions de vie et de travail de la vaste main-d’œuvre migrante » en Arabie saoudite, des conditions qui « s’apparentent à du travail forcé » selon lui.

L’OIT ouvre une enquête, Ryad se veut rassurant

Face à ces accusations, le Conseil d’administration de l’OIT a donc décidé en novembre dernier de juger cette plainte « recevable ». Un comité a été chargé d’examiner le dossier et « le gouvernement est maintenant tenu de fournir sa réponse » avant la remise d’un rapport, a expliqué l’OIT, sans donner de calendrier précis.

De son côté, l’Arabie saoudite joue l’apaisement. Selon le directeur général de l’OIT Gilbert Houngbo, qui se rendra prochainement à Ryad, les déclarations du royaume ont été « très constructives ». Les autorités lui ont assuré vouloir « vraiment travailler avec l’OIT » pour corriger d’éventuelles « lacunes ». Des discussions sont d’ailleurs en cours pour renforcer la présence de l’organisation dans le pays.

Inquiétudes sur l’explosion des cas de maltraitance

Mais du côté des défenseurs des droits humains, l’heure est à la mobilisation. Beaucoup craignent en effet que les cas de maltraitance n’explosent avec le chantier pharaonique de la Coupe du monde 2034, alors que plus d’une dizaine de stades doivent sortir de terre.

La plainte de l’IBB vise notamment deux entreprises de construction saoudiennes ayant fait faillite en 2016. Mais selon le syndicat comme l’ONG Equidem, la situation ne s’est guère améliorée depuis dans ce pays où les étrangers représentent plus de 40% des 32,2 millions d’habitants.

Le précédent qatari en toile de fond

En toile de fond plane le souvenir du précédent Mondial au Qatar en 2022. Visé par des critiques similaires, l’émirat avait dû collaborer avec l’OIT pour réformer le système de la « kafala », introduire un salaire minimum et renforcer les mesures de santé et sécurité.

Malgré ces avancées, Amnesty International affirme que des milliers de travailleurs seraient décédés sur la période précédant le tournoi, même si Doha n’a reconnu officiellement que 37 morts directement liées aux chantiers. Un chiffre inquiétant à l’aune des 8 années qui séparent encore l’Arabie saoudite du coup d’envoi.

Bras de fer diplomatique à prévoir

Au-delà du volet social, cette affaire pourrait prendre une tournure diplomatique délicate. Malgré les critiques récurrentes sur le respect des droits humains, Ryad a en effet été choisi fin mai par la FIFA pour organiser le Mondial-2034, rappelant les vives polémiques du Qatar.

L’Arabie saoudite, seule candidate en lice, est un partenaire de poids pour l’instance du football. Personne n’a oublié le récent rachat du club de Newcastle par le fonds souverain du royaume ou les rumeurs d’un prochain parrainage de la Coupe du monde féminine par Aramco, le géant pétrolier national.

Si l’OIT venait à rendre des conclusions accablantes, la FIFA se retrouverait donc dans une position pour le moins inconfortable. Un vrai test pour la crédibilité de son engagement en faveur des droits humains, adopté dans la foulée du séisme qatari. La partie s’annonce serrée.

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