Depuis plusieurs jours, une vive polémique enfle autour de la loi immigration votée il y a quelques mois. Selon des révélations du JDD, le gouvernement s’apprêterait à suspendre cette loi faute d’avoir publié les décrets d’application nécessaires. Une information démentie par l’exécutif, qui assure que les textes seront bien publiés dans les délais impartis. Mais le mal est fait. L’opposition crie au « laxisme » et à « l’amateurisme », pendant que la majorité tente de calmer le jeu.
Loi immigration : 0% des décrets publiés selon l’Assemblée
À l’origine de ce psychodrame politique, une donnée publiée sur le site de l’Assemblée nationale : à ce jour, 0% des décrets nécessaires à l’application de la controversée loi immigration auraient été publiés. Un retard qui interpelle, plusieurs mois après le vote du texte. Le JDD en a donc conclu à une suspension pure et simple de la loi par le gouvernement, de quoi provoquer un petit séisme politique.
Contacté, l’exécutif a rapidement démenti l’information, assurant que « la publication des décrets suit son cours » et s’engageant même à respecter les délais légaux. Mais cela n’a pas empêché l’opposition de partir à la charge, dénonçant le « laxisme » et « l’amateurisme » du gouvernement sur ce sujet brûlant.
Le gouvernement fait machine arrière
Face au début d’incendie, l’exécutif a dû monter au créneau pour tenter d’éteindre la polémique. Dans un communiqué, Matignon assure que les décrets d’application de la loi immigration seront bien publiés, certains « dans les prochains jours ». Une manière de désamorcer les critiques et de rassurer sur la mise en œuvre de ce texte sensible politiquement.
Il n’a jamais été question de suspendre la loi immigration. Les décrets seront publiés dans les temps. Nous agissons avec méthode et détermination sur ce sujet.
Communiqué de Matignon
Mais cette polémique illustre la fébrilité du gouvernement sur le thème de l’immigration, sujet clivant s’il en est. La pression de l’opinion et d’une partie de la classe politique est forte pour réclamer une politique migratoire plus ferme. Le moindre faux pas est immédiatement exploité.
Des chiffres de la délinquance qui inquiètent
Cette séquence intervient dans un contexte sécuritaire tendu. Les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur sur l’état de la délinquance en France donnent le tournis :
- Près de 1000 agressions recensées chaque jour
- 1500 actes de vandalisme quotidiens
- Pas moins de 600 cambriolages par jour
- Et surtout, une attaque à l’arme blanche toutes les heures
Des statistiques inquiétantes, qui nourrissent le sentiment d’insécurité de nombreux Français et pèsent sur le débat public. La question migratoire cristallise une partie de ces peurs, à tort ou à raison. Un contexte inflammable dans lequel la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres, comme l’a montré la récente polémique.
Un sujet politique brûlant
Immigration et sécurité, deux thèmes étroitement liés dans le débat public. Pas étonnant donc que le moindre couac sur l’application de la loi immigration provoque de vives réactions politiques. D’autant que plusieurs élections majeures se profilent dans les mois à venir.
Pour le gouvernement, il s’agit donc de déminer au plus vite cette polémique pour éviter qu’elle ne pollue durablement le débat. Mais sur le fond, l’exécutif marche sur des œufs. Appliquer la loi immigration avec fermeté comme promis, sans se laisser déborder par une frange de l’opinion réclamant toujours plus de sévérité. Un véritable numéro d’équilibriste politique.
Cette séquence agitée aura en tout cas eu le mérite de remettre la question migratoire au cœur des débats, dans un contexte sécuritaire délétère. Nul doute que le sujet continuera d’enflammer la vie politique dans les prochains mois, à l’approche d’échéances électorales majeures. Le gouvernement est prévenu : sur l’immigration, le moindre faux pas peut faire dérailler la machine.