Un vaste réseau d’escroquerie impliquant des livraisons frauduleuses via le site Leboncoin vient d’être démantelé à Pau. Au cœur de cette arnaque : un livreur congolais de Chronopost qui a détourné pas moins de 200 colis en complicité avec un individu ivoirien. Les objets étaient ensuite revendus par des escrocs basés en Côte d’Ivoire. Une affaire qui soulève de nombreuses questions sur la sécurité des achats en ligne.
Un mode opératoire bien rodé
Fredy Onema Ekonda, livreur congolais chez Chronopost à Pau, a été recruté par Mouhamed Camara, un ivoirien, pour subtiliser les colis ciblés. Son rôle était de les récupérer et de les expédier à Mouhamed, chargé de les faire suivre en Côte d’Ivoire à ses complices.
Les faux acheteurs, opérant depuis la Côte d’Ivoire avec des lignes téléphoniques temporaires, ont réussi à tromper les vendeurs sur Leboncoin. Au total, 194 colis frauduleux ont été identifiés entre octobre 2021 et janvier 2023.
Des victimes nombreuses
86 plaintes ont déjà été déposées, pour un préjudice dépassant les 82 000€. Une quarantaine d’autres plaintes seraient en attente de traitement. Les objets subtilisés étaient principalement des appareils multimédia comme des téléphones, ordinateurs, télévisions ou consoles de jeux.
Une cinquantaine de victimes n’auraient pas encore été identifiées par les enquêteurs.
Le livreur avoue, mais minimise
Lors de sa garde à vue, Fredy a donné le nom de son donneur d’ordre à Serres-Castet. Il a aussi admis avoir été contacté par deux individus ivoiriens. Le livreur était payé 50€ par colis détourné et informé la veille des livraisons à intercepter.
Cependant, il affirme ne pas avoir pris conscience de l’ampleur et de l’illégalité de ses actes. Des arguments qui n’ont pas convaincu le juge des libertés, qui a refusé sa demande de remise en liberté en février.
Des peines de prison avec sursis
Le tribunal a finalement condamné les deux hommes, en revoyant les peines à la baisse. Fredy, le livreur congolais de 34 ans installé en France depuis 2009, écope de 24 mois de prison dont 15 avec sursis. Son complice Mouhamed est condamné à 36 mois dont 18 avec sursis.
Ils pourront purger leur peine ferme, respectivement de 9 et 18 mois, sous bracelet électronique. Une décision qui interroge au vu de l’importance du préjudice et du nombre de victimes.
Quelles leçons en tirer ?
Cette affaire met en lumière les failles de sécurité dans le processus de livraison des achats en ligne. Elle montre aussi la nécessité pour les sites comme Leboncoin de renforcer leurs procédures de vérification et de traçabilité des colis.
En tant qu’acheteur, il est conseillé de privilégier autant que possible le retrait en main propre ou les modes de livraison sécurisés. Devant un livreur pressant ou suspect, n’hésitez pas à refuser la livraison et à contacter immédiatement le service client.
Enfin, les peines relativement clémentes prononcées dans ce dossier interrogent sur la réponse judiciaire face à ces nouvelles formes de criminalité. Des sanctions plus fermes ne seraient-elles pas nécessaires pour endiguer ces trafics et protéger les consommateurs ?