Imaginez des centaines de milliers de personnes dans les rues, des écharpes rouges flottant au vent, des enfants sur les épaules de leurs parents, des chants qui résonnent jusqu’au ciel de Liverpool. C’est le 26 mai dernier : les Reds viennent de remporter la Premier League après trente longues années d’attente. Et puis, en quelques secondes, la joie se transforme en cauchemar.
Une voiture force le passage et percute délibérément la foule. 134 blessés, dont huit mineurs et un bébé de six mois. Mercredi, l’homme au volant a reconnu les faits devant la justice britannique. Retour sur une affaire qui glace encore le sang de toute une ville.
Un revirement spectaculaire au tribunal
Paul Doyle, 54 ans, comparait depuis mardi devant la cour de Liverpool. Initialement, il avait plaidé non coupable en septembre. Mais mercredi matin, la voix tremblante et les larmes aux yeux, il a changé radicalement de position.
Devant les juges, il a reconnu l’ensemble des 31 chefs d’accusation : douze blessures volontaires graves, tentative sur dix-sept autres personnes, violence et conduite dangereuse. Le procès, qui devait durer trois à quatre semaines, s’est brusquement terminé. La sentence sera prononcée le 15 décembre.
Cette attaque n’a pas seulement fait des victimes parmi les individus, elle a frappé au cœur même d’une ville unie dans la joie, semant la peur dans son sillage.
Sarah Hammond, représentante de l’accusation
Que s’est-il passé le 26 mai ?
Ce jour-là, Liverpool vivait l’un des moments les plus forts de son histoire récente. Après la victoire en championnat, le club organise la traditionnelle parade en bus à impériale découvert. Mohamed Salah, Virgil van Dijk et tous les héros défilent pendant quatre heures sous les acclamations.
Les grandes artères du centre-ville sont fermées à la circulation. Des familles entières sont venues célébrer. L’ambiance est électrique, fraternelle, presque irréelle tant l’émotion est forte.
Vers 18 heures, une ambulance doit passer en urgence pour porter secours à une personne victime d’un malaise cardiaque. La police ouvre brièvement le cordon de sécurité. Paul Doyle en profite. Sa voiture s’engage derrière le véhicule médical… puis accélère droit sur la foule.
Des images accablantes
Les vidéos de surveillance sont sans équivoque. On y voit l’homme devenir de plus en plus agité à l’approche de la marée humaine. Au lieu d’attendre que le passage se libère, il appuie sur l’accélérateur et se fraye un chemin de force à travers les supporters.
Les images montrent des corps projetés, des poussettes renversées, des cris de panique. En quelques instants, la fête devient une scène d’horreur. Les secours interviennent immédiatement, mais le bilan est lourd : 134 personnes blessées, certaines gravement.
Qui est Paul Doyle ?
Le profil de l’accusé intrigue. Père de famille, ancien militaire de la Royal Navy, il travaillait dans la cybersécurité jusqu’à son arrestation. Rien, à première vue, ne laissait présager un tel passage à l’acte.
Aucune motivation politique ou religieuse n’a été retenue. La piste terroriste a été écartée dès les premières heures de l’enquête. Reste une question lancinante : pourquoi un homme apparemment ordinaire a-t-il décidé de transformer une célébration en carnage ?
Les débats qui devaient explorer ses motivations n’auront finalement pas lieu. En plaidant coupable, Paul Doyle a privé la ville, et les victimes, d’explications détaillées devant la barre.
Une ville marquée à jamais
À Liverpool, le souvenir de cette journée reste douloureux. Beaucoup de supporters présents ce jour-là racontent encore leur sidération. Voir la joie collective se muer en terreur pure reste gravé dans les mémoires.
Les familles des blessés, elles, attendent désormais la peine. Certaines victimes garderont des séquelles à vie. Le bébé de six mois hospitalisé, les enfants traumatisés, les adultes brisés physiquement et moralement… le bilan humain est immense.
134 personnes blessées
Dont 8 mineurs
1 bébé de 6 mois parmi les victimes
Aucune piste terroriste retenue
Vers une lourde condamnation
En reconnaissant les faits, Paul Doyle s’expose à une peine sévère. Les blessures volontaires avec préméditation, surtout dans un contexte aussi symbolique, sont particulièrement lourdement sanctionnées au Royaume-Uni.
Le 15 décembre, la cour rendra sa décision. Beaucoup espèrent que la justice saura refléter la gravité de l’acte et le traumatisme infligé à toute une communauté.
Liverpool, ville de football, de passion et de solidarité, pansera lentement ses plaies. Mais cette parade victorieuse restera à jamais entachée d’un geste inexplicable qui a brisé la fête et marqué des centaines de vies.
La prochaine fois que les Reds soulèveront un trophée, les supporters regarderont peut-être différemment les rues en liesse. La joie collective portera toujours, quelque part, la cicatrice de ce 26 mai.









