En Lituanie, les récentes élections législatives ont débouché sur la formation d’une coalition gouvernementale pour le moins surprenante. Alors que les sociaux-démocrates sont arrivés en tête du scrutin, ils ont dû s’allier avec l’Union démocratique “Au nom de la Lituanie” et surtout avec le mouvement populiste Nemunas Dawn pour obtenir une majorité au Parlement. Une alliance qui suscite de vives critiques, tant en Lituanie qu’à l’international.
Un parti populiste au cœur de la polémique
C’est la présence de Nemunas Dawn au sein de la coalition qui cristallise les tensions. Ce parti, qui se définit comme nationaliste de centre-gauche, est largement perçu comme populiste dans le pays. Son leader, Remigijus Zemaitaitis, est notamment poursuivi en justice pour incitation à la haine après avoir cité un poème antisémite évoquant le meurtre de juifs.
Face à la polémique, le futur Premier ministre Gintautas Paluckas, issu des rangs sociaux-démocrates, a tenté de rassurer en affirmant qu’il n’y avait “aucune place pour l’antisémitisme” dans son parti ou dans un gouvernement qu’il dirigerait. Mais cela n’a pas suffi à apaiser les esprits.
Une coalition sous le feu des critiques internationales
À l’étranger aussi, cette alliance fait grincer des dents. Le sénateur américain Ben Cardin a estimé que la participation de Nemunas Dawn “sape les valeurs essentielles” unissant les États-Unis et la Lituanie. Il a mis en garde contre les dangers de “donner une plateforme à la rhétorique antisémite et aux actes de haine”.
Donner une plateforme à la réthorique antisémite et à des actes de haine n’est pas seulement une trahison d’idéaux démocratiques partagés, mais aussi une menace physique pour la sécurité de la communauté juive et des minorités.
– Ben Cardin, sénateur américain
Ces vives réactions illustrent le malaise suscité par cette coalition atypique, dont les équilibres restent fragiles. D’autant que sur le plan international, la Lituanie s’inquiète de la menace russe et entend poursuivre son soutien à l’Ukraine.
Le soutien à l’Ukraine maintenu malgré les tensions
Avec la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, la Lituanie craint de devenir une cible à son tour. Le pays balte est l’un des principaux contributeurs de l’OTAN, consacrant 3,2% de son PIB à sa défense, bien au-delà de l’objectif des 2% fixé par l’Alliance atlantique.
Sur ce point au moins, la future coalition semble en phase. Le centre-gauche a promis d’augmenter encore les dépenses militaires, jusqu’à 3,5% du PIB. Un effort jugé nécessaire pour dissuader toute velléité russe et rassurer une population inquiète.
Un avenir politique incertain
Malgré ces engagements, l’avenir de cette coalition gouvernementale hétéroclite reste incertain. Les sociaux-démocrates devront composer avec un allié encombrant, dont les provocations pourraient fragiliser la cohésion de l’équipe au pouvoir.
De leur côté, les partenaires internationaux de la Lituanie, à commencer par l’Union européenne et les États-Unis, suivront de près les agissements de ce gouvernement atypique. Ils seront attentifs au respect des valeurs démocratiques et à la lutte contre l’antisémitisme, deux principes fondamentaux régulièrement mis à mal par les discours populistes en Europe.
Une chose est sûre : la politique lituanienne s’apprête à vivre des mois agités, sur fond de tensions géopolitiques exacerbées par la guerre en Ukraine. La capacité de la nouvelle coalition à maintenir le cap et à rassurer ses alliés sera déterminante pour l’avenir du pays.