L’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur, bloc économique sud-américain, suscite une vive opposition en Italie. Francesco Lollobrigida, ministre italien de l’Agriculture et membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, a exprimé lundi son rejet catégorique du traité sous sa forme actuelle. Il exige que les agriculteurs du Mercosur soient soumis aux mêmes obligations que leurs homologues européens en termes de droits des travailleurs et de normes environnementales.
Le ministre pointe du doigt les conséquences potentiellement dévastatrices de cet accord pour le secteur agricole italien, déjà fragilisé par les récentes crises géopolitiques. Selon lui, les entreprises de la péninsule pourraient difficilement résister face à des importations à bas coûts provenant des pays du Mercosur.
Une coalition gouvernementale divisée
Au sein même du gouvernement italien, les avis divergent sur la question. Si Francesco Lollobrigida, proche de Giorgia Meloni, se montre intraitable, son collègue aux Affaires étrangères Antonio Tajani adopte une position plus nuancée. Chef du parti conservateur Forza Italia, il se dit favorable dans le principe à un accord avec le Mercosur, tout en soulignant la nécessité de régler certains points insatisfaisants pour l’Italie.
Le monde agricole italien vent debout
Du côté des organisations agricoles transalpines, l’opposition est unanime. Coldiretti, principale association représentative du secteur, a adressé dès octobre une lettre à la Première ministre Giorgia Meloni pour faire part de sa profonde inquiétude. Elle dénonce des « effets dévastateurs sur l’ensemble du secteur agroalimentaire européen et italien » si l’accord devait être signé en l’état.
Au cœur des préoccupations, les divergences réglementaires entre l’UE et le Mercosur en matière d’usage des pesticides et de techniques de production. Coldiretti rappelle notamment que la consommation de pesticides au Brésil a quadruplé au cours des vingt dernières années, suscitant de vives inquiétudes.
Nous estimons qu’une collaboration étroite avec d’autres États membres de l’UE, comme la France, qui partagent nos inquiétudes, peut empêcher l’adoption de l’accord sous sa forme actuelle.
Coldiretti
Vers une renégociation de l’accord ?
Face à cette levée de boucliers, l’avenir de l’accord UE-Mercosur apparaît plus incertain que jamais. Si certains plaident pour une renégociation en profondeur du texte afin de garantir des conditions de concurrence équitables, d’autres estiment que les divergences sont trop profondes pour être surmontées.
Une chose est sûre, le gouvernement italien, bien que divisé, semble déterminé à défendre les intérêts de son agriculture. Reste à savoir s’il parviendra à rallier à sa cause suffisamment d’États membres pour peser dans les négociations à venir. L’issue du bras de fer qui s’engage entre partisans et opposants à l’accord sera scrutée de près, tant les enjeux économiques et environnementaux sont immenses des deux côtés de l’Atlantique.