Les négociations sur l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur semblent dans l’impasse. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est arrivée en Uruguay jeudi pour tenter de finaliser ce traité discuté depuis plus de 20 ans, l’Italie vient de jeter un pavé dans la mare. Selon des sources gouvernementales italiennes, « les conditions ne sont pas réunies » pour signer l’accord UE-Mercosur dans sa forme actuelle.
L’Italie exige des protections pour son secteur agricole
Le gouvernement italien, dirigé par Giorgia Meloni, estime que la signature de l’accord ne peut avoir lieu qu’à condition de mettre en place des protections adéquates et des compensations en cas de déséquilibres pour le secteur agricole transalpin. Rome insiste notamment sur la nécessité de garantir le plein respect des normes européennes en termes de contrôles vétérinaires et phytosanitaires pour les produits importés sur le marché intérieur.
Au-delà de ces aspects sanitaires, l’Italie souhaite également s’assurer que les produits entrant sur le marché européen respectent les standards de l’UE en matière de protection des consommateurs et de contrôles qualité. Des exigences qui témoignent des inquiétudes italiennes face à la concurrence des produits agricoles sud-américains, souvent moins chers et soumis à des réglementations moins strictes.
Un « engagement ferme » de Bruxelles réclamé
Pour donner son feu vert, Rome attend de la Commission européenne un « engagement ferme » à surveiller constamment le risque de perturbations sur le marché et, le cas échéant, à activer un système rapide et efficace de compensation. Un éventuel accord de l’Italie reste donc conditionné à la mise en place de mesures concrètes pour prendre en compte les inquiétudes du secteur agricole européen.
Un éventuel feu vert italien à la signature de l’accord par l’UE reste donc conditionné à la prévision de mesures concrètes et efficaces pour prendre en compte les inquiétudes du secteur agricole européen.
Sources gouvernementales italiennes
La France en première ligne des pays réfractaires
En plus de l’Italie, plusieurs autres pays européens ont exprimé de sérieuses réserves sur l’accord UE-Mercosur. La France, en particulier, mène la fronde contre ce traité de libre-échange. Le président Emmanuel Macron a lui aussi rappelé à Ursula von der Leyen qu’une signature était « inacceptable en l’état » pour Paris.
Selon une source proche du dossier, d’autres États membres comme la Pologne, les Pays-Bas ou encore l’Irlande partageraient les inquiétudes françaises et italiennes. Face à cette levée de boucliers, la Commission européenne va devoir redoubler d’efforts et de persuasion pour tenter de sauver cet ambitieux accord commercial.
Vers une « minorité de blocage » européenne ?
En vertu des traités européens, une fois un éventuel texte signé avec les pays du Mercosur, la Commission devra encore franchir deux étapes délicates : obtenir l’approbation d’au moins 15 États membres représentant 65% de la population de l’UE, puis réunir une majorité au Parlement européen.
Pour empêcher l’adoption du texte, la France cherche donc activement à rallier d’autres pays à sa cause, afin de constituer une minorité de blocage. Avec le soutien de l’Italie et potentiellement de la Pologne, Paris pourrait aisément atteindre le seuil requis de plus de 35% de la population européenne, et ainsi faire dérailler l’accord.
Au vu des positions très tranchées de certaines capitales, les négociations s’annoncent ardues pour la Commission. Ursula von der Leyen va devoir déployer des trésors de diplomatie et certainement mettre sur la table de nouvelles concessions pour tenter de débloquer la situation. Le feuilleton de l’accord UE-Mercosur est encore loin de connaître son épilogue.